Mille soldats américains tués en Afghanistan

Les Etats-Unis ont perdu leur millième soldat en Afghanistan. Un seuil symbolique qui risque de frapper les esprits car de moins en moins d’américains soutiennent cette guerre. Sur le terrain, le niveau de violence n’a jamais été aussi élevé depuis le renversement du régime des talibans, fin 2001. L’armée américaine s’attend à subir des pertes supplémentaires car la vaste offensive entamée par l’OTAN dans la province afghane du Helmand n’est pas encore achevée. 

Plus de huit ans après le lancement de l’opération « liberté immuable » : mille soldats américains ont été tués. Ce décompte a été réalisé par le site indépendant icasualties.org. L’organisme recense les pertes militaires sur les terrains de conflits où sont engagés les GI’s. Ce bilan tient compte du personnel tué hors Afghanistan c'est-à-dire au Pakistan et dans la Corne de l’Afrique.

« Liberté immuable » est le nom officiel utilisé par le gouvernement américain pour les opérations menées sous la casquette de la lutte contre le terrorisme. Depuis 2006, l'OTAN est officiellement en charge des opérations, mais le contingent américain est le plus important. Quelques 121 000 soldats étrangers se trouvent actuellement en Afghanistan, les deux tiers sont américains. 30 000 Marines supplémentaires sont attendus sur le terrain dans les mois à venir.

L’armée britannique totalise désormais 264 morts dans ses rangs, tandis que l’armée canadienne a perdu 140 soldats et la France 40. L’insurrection des talibans a considérablement gagné en intensité ces deux dernières années, elle s’est étendue à la quasi-totalité du pays. L’année 2009 avait déjà été la plus meurtrière avec 520 morts. A titre de comparaison, en Irak, depuis le début de la guerre en 2003, 4 378 militaires américains ont été tués. Mais les Américains ont promis de quitter le territoire irakien l’année prochaine.

L’offensive de Marjah : sans doute de nouvelles pertes

Le cap des mille morts est symbolique mais il survient alors que l’OTAN est engagée dans une vaste offensive autour de la ville de Marjah, dans la province d’Helmand. 15 000 hommes afghans et alliés participent à cette opération baptisée « Mushtarak » (ensemble, en langue dari). Cette bataille pourrait bien durer encore quelques semaines car l’insurrection résiste avec ténacité. Le chef d’état-major interarmées américain, Michael Mullen, reste lucide, il sait que ses hommes risquent d’essuyer des pertes supplémentaires dans cette campagne militaire.

Par ailleurs, la province de Kandahar, berceau des talibans dans le sud de l’Afghanistan, pourrait être la prochaine cible de l’OTAN, a fait savoir à la presse le général Stanley McChrystal, le commandant en chef de l’ISAF (Force internationale d’assistance à la sécurité). Cette attitude offensive des Américains fait partie de la nouvelle stratégie définie par Barack Obama pour l’Afghanistan. Elle repose sur trois objectifs : s’imposer militairement sur le terrain, associer les forces afghanes à la reconquête des territoires et gagner le cœur et l’esprit des afghans.

Une guerre de plus en plus impopulaire

C’est dans cet esprit que, le 1er décembre 2009, Barack Obama annonçait de nouveaux renforts pour Afghanistan, 30 000 soldats supplémentaires seront bientôt sur place. Cette décision a un coût humain et financier. Une augmentation du contingent en Afghanistan promet d’être assortie d’une hausse du nombre de morts, les bombes artisanales des insurgés font des ravages et à cela s’ajoutent les suicides au sein de l’armée américaine, 140 en 2009.

En pleine crise économique l’aspect financier n’est pas négligeable. Le coût moyen des opérations américaines en Afghanistan s’élève déjà à plus de 3 milliards de dollars par mois. D’après le Pentagone, l’entretien d’un soldat sur ce théâtre d’opération coûte 500 000 dollars. Selon Anthony Cordesman, expert au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) « le président Obama doit préparer les Etats-Unis et le monde, au fait que le nombre de victimes américaines mais aussi alliées, afghanes, pakistanaises vont certainement doubler voire tripler avant que s’esquisse une victoire ».

La montée en puissance militaire décidée par l’administration Obama est destinée à gagner définitivement la guerre contre al-Qaïda. Mais l’opinion publique américaine se pose des questions. Les troupes américaines sont présentes là-bas depuis plus de 8 huit sans grand progrès visible. D’après un sondage réalisé les 22 et 23 janvier dernier par l’institut Opinion Research pour CNN 52% des Américains sont opposés au conflit alors que 47% le soutiennent.
 

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