Avec notre correspondante à Jérusalem, Catherine Monnet
Visiblement, même le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu aurait été pris de cours par cette annonce de son ministre de l’Intérieur qui ne l’aurait pas consulté auparavant. Après, Eli Yishaï peut assurer qu’il n’a pas cherché à compromettre la visite du N°2 de la Maison Blanche.
Cette annonce ne représente pas moins une énorme gifle. Une gifle d’abord pour «Bibi» qui essaye de passer pour le bon élève devant le grand frère américain et qui montre en fait qu’il ne contrôle pas son équipe. Une gifle surtout pour les dirigeants palestiniens qui avaient, finalement, dit oui du bout des lèvres dimanche 7 mars à des pourparlers indirects, et ce après avoir demandé en vain pendant des mois l’arrêt total de la colonisation comme pré-condition à une reprise du dialogue. Une gifle enfin aussi pour le vice-président américain qui entame tout juste une visite de plusieurs jours dans la région.
Certes, ce n’était pas le processus de paix qui était au cœur de cette visite. La priorité de Joe Biden, c’était plutôt la menace iranienne et le besoin de convaincre Israël de préférer un régime de sanctions plutôt que l’action militaire unilatérale. Mais le vice-président américain s’était quand même félicité dans l’après-midi de l’annonce de la reprise d’un dialogue indirect, avant finalement d’être contraint dans la soirée de condamner l’annonce israélienne, en la qualifiant de mesure « qui sape la confiance nécessaire » pour relancer de telles discussions.
La partie palestinienne n’a pas pour l’instant annoncé qu’elle renonçait à ce dialogue indirect, qui semble quand même assez compromis. Le porte-parole du président Abbas a prévenu que les négociations étaient menacées par cette décision dangereuse, et que cela revenait à dire : « les efforts des Américains avaient échoué avant même que ne commencent les négociations indirectes ».
Il faut rappeler que Palestiniens et Israéliens n’avaient pas encore finalisé tous les mécanismes pour lancer ce dialogue indirect. Mardi 9 mars, il y avait encore des incertitudes sur le lieu où les discussions doivent avoir lieu, à savoir, Jérusalem et Ramallah ou à Washington ? Il y a surtout, toujours, d’importants désaccords. Les Israéliens ne veulent pas que ces futures discussions indirectes portent sur des sujets sensibles comme les frontières ou l'avenir de Jérusalem, ce qu'exigent par contre de leur côté les Palestiniens. Et ce n’est qu’un exemple de désaccord. Le processus engagé est donc encore très fragile, très incertain.