En vietnamien, on dit « Kung Do ». Et c’est vrai qu’elle a la « tête dure » Le Thi Cong Nhan. Elle n’a pas non plus sa langue dans sa poche d’ailleurs. Bouille ronde, petites lunettes, cette juriste de 31 ans a été interpellée par cinq policiers en pleine rue alors qu’elle avait rendez-vous une heure plus tard avec un journaliste de l’Agence France Presse (AFP).
Déchue de son titre d’avocate, la jeune femme venait d’être libérée après trois ans passés en prison. Sans être pour autant complètement sortie d’affaire, puisque les autorités l’ont assignée à résidence pour trois ans supplémentaires. Officiellement, Le Thi Cong Nhan a été interpellée parce qu’elle est sortie faire ses courses trop loin de chez elle, mais en réalité ce sont surtout ses propos qui dérangent.
Après sa première arrestation en mars 2007, la justice lui a reproché d’avoir dénigré le régime dans des écrits diffusés notamment via des blogs. Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Son confrère Nguyen Van Dai, arrêté en même temps qu’elle, devra passer encore un an derrière les barreaux.
Signe de ce durcissement du régime : seize militants ont encore été arrêtés et condamnés à de la prison ferme depuis octobre. Une manière peut-être de contenir tout débordement avant la tenue du XIe congrès du Parti communiste vietnamien, l’an prochain.