Avec notre correspondant à Kaboul, Luc Mathieu
Loin d'être plébiscité, Hamid Karzaï a été interpellé par des habitants en colère. Assis sur un coussin, le président afghan faisait face à 300 personnes dans une mosquée du centre de Marjah. Il était accompagné du général Stanley McChrystal, le commandant en chef de l'OTAN en Afghanistan.
Les habitants de Marjah, dont des chefs tribaux, se sont plaints, parfois en criant, des fouilles arbitraires de maisons, des destructions d'habitations et d'arrestations de civils jugées abusives. Ils ont critiqué la réquisition d'écoles par les forces de l'OTAN qui les ont transformées en postes militaires. Ils ont aussi dénoncé le pillage de magasins durant l'offensive. Les habitants de Marjah ont enfin déploré la corruption du gouvernement et le manque d'hôpitaux ou d'écoles.
Hamid Karzaï a écouté les doléances durant plus de deux heures, acquiesçant la plupart du temps et interrompant parfois les habitants pour leur répondre. A l'issue de la rencontre, le président afghan a reconnu que les plaintes étaient légitimes. Les habitants de Marjah ont « le sentiment d'avoir été abandonnés, ce qui, dans de nombreux cas, est vrai », a-t-il ajouté.