Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
De l’aveu même du département d’Etat, être assigné à Kaboul n’est pas un cadeau. L’Afghanistan étant devenu la priorité des Etats-Unis, le personnel de l'ambassade est en passe de tripler, passant de 300 à 900 personnes. Leur logement est souvent rudimentaire : beaucoup doivent dormir dans des dortoirs. Ceux qui sont envoyés en province sont privés d’eau courante et de toilettes.
Le rythme de travail est qui plus est épuisant. Des semaines de 80 heures, des journées qui n’en finissent pas. Même l’ambassadeur Karl Eikenberry, en raison des différences horaires avec Washington, doit parfois tenir des conférences vidéo à 3 heures du matin. Mais si les diplomates peuvent tolérer le stress et des conditions de vie parfois primitives, le plus pénible pour eux est le flot continu de visiteurs à qui ils reprochent de faire du «tourisme militaire» : plus de 700 l’an dernier. Il s'agit surtout de parlementaires venus examiner la situation sur le terrain. Pour satisfaire leurs désirs, le personnel de l’ambassade doit se transformer en «gentil organisateur».
«Ces visiteurs, écrit l’inspecteur général, distraient des militaires et des civils qui seraient nornalement déployés pour lutter contre les insurgés ou participer à la reconstruction.» Le rapport inclut 87 recommandations pour surmonter ces différentes difficultés qui, souligne-t-il, risquent de ralentir le succès demandé par l’administration Obama.