Pourquoi un tel imbroglio ? Les 225 000 Islandais sont priés de se prononcer sur un texte qui est d’ores et déjà caduc. La Première ministre appelle carrément à ne pas aller voter car à quelques heures du référendum, l’Islande est dans une situation ubuesque de s’être vu offrir par les Britanniques et les Néerlandais un accord plus favorable que celui soumis à la consultation populaire.
« Je pense que (le référendum) est sans signification et c'est très triste que le premier référendum national depuis la création de la république d'Islande porte sur une loi déjà dépassée », a dit Johanna Sigurdardottir au quotidien Frettabladid paru vendredi 5 mars 2010. « De ce point de vue, je ne vois aucun sens à participer à ce scrutin », a-t-elle ajouté.
La banque Icesave devenue Iceslave pour les Islandais
La cause de ce raffut : l’effondrement de trois principales banques islandaises qui n’ont pas résisté au krach financier qui a balayé la planète en octobre 2008. Le petit Etat a dû rapidement les renationaliser et faire appel au Fonds monétaire international pour rester à flot. Mais ce ne fut pas la fin des problèmes car en même temps 320 000 épargnants britanniques et hollandais ont vu partir leurs économies en fumée, économies placées sur les comptes de la banque islandaise en ligne Icesave.
Ces économies perdues se montent à 3,8 milliards d’euros, ce qui représente 40% du PIB islandais et 15 000 euros à rembourser par habitant. Cet argent fut avancé par le Royaume-Uni et les Pays-Bas et le référendum pose la question si oui ou non le gouvernement de Reykjavik doit rembourser cette dette. Les habitants de l'île de Glace appellent désormais Icesave – Iceslave : « L’esclave de glace ».
Le « oui » incohérent, le « non » dangereux
Le « oui » est jugé incohérent mais le « non» qui est parti pour l'emporter, pourrait retarder le versement de prêts restant du FMI et des pays nordiques, affaiblir le gouvernement déjà bien mal au point (même si le Premier ministre a annoncé qu’elle ne démissionnerait pas si le non l'emportait). Cela pourrait rendre plus difficile les efforts de l’Islande pour entrer dans l’Union européenne.
Négociations suspendues
Devant cette confusion, Londres et La Haye ont d’ores et déjà annoncé que les négociations au sujet de la dette seront suspendues. Un peu plus tôt, le ministre des Finances Steingrimur Sigfusson avait indiqué qu’il espérait leur reprise après le référendum mais n’a pas reçu d’assurance dans ce sens. Le ministre des Finances néerlandais Jan Kees de Jager a annoncé ce vendredi 5 mars que les négociations avec l’Islande se sont terminées sans aboutir à un accord.
Autre rebondissement : la publication de l’enquête spéciale, jusqu’ici repoussée, sur les responsabilités politiques dans l’effondrement de l’économie nationale est prévue pour le jeudi 11 mars. Les trois sages à la tête de cette commission ont déjà annoncé que cette publication serait fracassante et pour prévenir le choc ont demandé d’accorder trois jours de repos pour tous leurs compatriotes pour qu’ils puissent avoir le temps de lire le rapport et d’accuser le coup.