Ne pas rembourser, un refus risqué

Pour savoir si oui ou non l’Islande doit régler sa dette de 3,8 milliards d’euros à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, le président Grimsson va organiser un référendum le 20 février. Mais cette consultation pourrait avoir un impact négatif sur les ambitions de l’Islande d’adhérer à l’UE en 2012.

La polémique porte sur 3,8 milliards d’euros : c’est la somme que la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont avancé à quelques 300 000 épargnants britanniques et néerlandais, victimes de la faillite de la banque Icesave en octobre 2008. Aujourd’hui, les créanciers exigent le remboursement de cet argent, mais dans une pétition, les contribuables islandais ont dit « non » et réclament un référendum sur la question. Ils font valoir qu’il est injuste de demander aux 300 000 citoyens de l’île de débourser 12 000 euros chacun pour compenser les erreurs de la banque – une somme qui représente 40% du PIB annuel de l’Islande.

 
Le président a entendu ce cri d’alarme d’une population frappée par une brutale récession, après de longues années de prospérité. Il a donc refusé de promulguer la loi, dite « Icesave », accouchée dans la douleur par les députés islandais dans la nuit du 30 au 31 décembre dernier. Ce veto inattendu ouvre une période d’incertitude, aussi bien politique que financière.
 
Péripéties politiques et financières

D’abord, les incertitudes politiques: le refus d’Olafur Ragnar Grimsson met le Premier ministre, la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir, dans une situation plus que délicate. C’est elle qui s’était engagée auprès du Royaume-Uni et des Pays-Bas à rembourser les sommes dues. Mais même sa menace de mettre la démission de son gouvernement dans la balance n’a pas fait plier le président, pourtant issu du même camp politique. Le référendum, qui pourrait avoir lieu le 20 février, doit être débattu au Parlement ce vendredi, 8 janvier.

Aujourd’hui, l’affaire « Icesave » est donc à l’origine d’une crise au sein du pouvoir islandais, mais elle résonne loin au-delà. Avant tout, elle soulève la colère de Londres et de La Haye. Le gouvernement britannique attend de l'Islande qu'elle « assume ses engagements », a indiqué un porte-parole du ministère britannique des Finances. Au ministère des Finances néerlandais, on affirme : « Les Pays-Bas maintiennent que l’Islande doit rembourser cet argent ». La Commission européenne à Bruxelles se range du côté des Britanniques et des Néerlandais et émet une menace à peine voilée – celle de bloquer l’entrée de l’Islande dans l’UE en cas de non-remboursement de sa dette.

L’Islande risque l’isolement
 
Mais au-delà des péripéties politiques et du spectre d’un isolement au niveau européen, l’Islande court le risque de se couper de l’aide financière internationale. Après la quasi-banqueroute de 2008, l’île peine à surmonter la crise et dépend pour cela du Fonds monétaire international (FMI). « Le FMI va examiner la situation avec les autorités islandaises et consulter les autres pays », a prévenu le chef de mission en Islande, Mark Flanagan. Le refus de l’Islande pourrait remettre en question un prêt de 2,1 milliards de dollars, dont le FMI n’a débloqué que 1,1 milliard de dollars jusqu’à présent.

Ce sont les agences de notations internationales qui ont donné à l’Islande un avant-goût des éventuelles conséquences de son refus de rembourser les 3,8 milliards d’euros au Royaume-Uni et à la Grande Bretagne. L’agence de notation Standard & Poor’s a mis l’Islande sous surveillance négative. L’une des autres grandes agences, Fitch, est allée plus loin en abaissant la note de l’île sur les marchés boursiers. Le concurrent Moody’s n’a pas encore franchi le pas, mais affirme que la décision du président islandais allait « compliquer » la situation.

 

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