Balkans : 15 après la fin de la guerre, la justice continue son travail

Le procès de Radovan Karadzic a été une nouvelle fois suspendu devant le Tribunal pénal international de La Haye. Mais d’autres procès se tiennent principalement en Bosnie et Croatie et les arrestations liées aux conflits des années 1990 se poursuivent.

Après une première suspension de quatre mois, le procès de Radovan Karadzic n’aura repris que pour deux jours, le temps pour l’accusé de présenter ce que seront ses lignes de défense. L’ex-chef politique des Serbes de Bosnie se défend seul, et a une nouvelle fois demandé un délai supplémentaire pour mieux préparer sa défense. C’est à la chambre d’appel du TPI de se prononcer. Si elle accède aux arguments de l’accusé, le procès pourrait ne reprendre que dans plusieurs mois.

Si le TPI est rodé aux procédures longues, il n’empêche que sa durée de vie est limitée dans le temps. Tous les procès en première instance devront ainsi être terminés au premier semestre 2011. Un cas fera figure d’exception, celui de Radovan Karadzic, dont le terme est prévu à la fin 2012. Une rallonge est même prévue en cas d’appel par l’accusé d’une éventuelle condamnation, jusqu’en février 2014.

Lenteur de la justice

Si, pour les victimes, la longueur des procédures peut paraître interminable, la justice pourtant avance. Plus de quinze ans après la fin des conflits intercommunautaires qui ont ensanglanté les Balkans, les responsables continuent d’être poursuivis et jugés.

Ce mardi 2 mars, c’est un Serbe qui a été arrêté en Espagne où il s’était refugié. Veselin Vlahovic est recherché pour « crimes de guerre », il est soupçonné d’avoir commis plus d’une centaine d’assassinats de femmes et d’enfants pendant la guerre. Il était sous le coup de trois mandats internationaux.

Parfois des arrière-pensées politiques peuvent filtrer derrière certaines procédures. Ainsi quand l’ancien dirigeant bosniaque Ejup Ganic a été interpellé lundi soir à l’aéroport de Londres à la suite d’un mandat d’arrêt lancé par la Serbie, Sarajevo a protesté et dénoncé un « comportement abusif » de la part de Belgrade et a estimé que « cette mesure détériore beaucoup les relations ». A l’inverse, une association de prisonniers de guerre serbes en Bosnie assure que « la communauté internationale a enfin compris que le temps était venu de poursuivre également les crimes de guerre commis contre les Serbes de Bosnie ».

Une justice nationale

En février, un ex-commandant musulman a été arrêté pour crimes de guerre en Bosnie, et trois anciens militaires serbes, eux, sont soupçonnés d’avoir participé au massacre de Srebrenica.

Dans la région, malgré le temps qui passe, les arrestations restent coutumières et les procès fréquents. Si le TPI se saisit des grands dossiers, en revanche les affaires de moindre importance sont renvoyées vers des juridictions nationales. Lente à se mettre en place, cette justice-là aujourd’hui fonctionne. Avec parfois de lourdes condamnations. Aussi, deux Serbes de Bosnie ont-ils écopé de 22 et 18 ans de prison au début du mois de février pour assassinat, détention et viols de civils musulmans pendant la guerre.

Un travail judiciaire qui se double d’une fonction thérapeutique. Dans une région où les victimes cohabitent encore parfois avec leurs bourreaux, la communauté internationale avait souhaité que les Etats impliqués dans le conflit s’emparent des poursuites, que les coupables soient nommés, jugés et condamnés.

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