Radovan Karadzic clame son innocence à La Haye

« Tout ce que les Serbes ont fait était de la légitime défense et tout cela a été traité comme un crime », a déclaré l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie en présentant sa défense pendant près de cinq heures devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Une défense qu'il a choisie d'assurer seul, à la reprise de son procès pour génocide dont il avait boycotté les trois premières audiences en octobre 2009.

Avec notre correspondant à La Haye, Pierre Benazet

A l’instar de Slobodan Milosevic, Radovan Karadzic a bien l’intention d’utiliser son procès devant le TPI, le Tribunal pénal international, comme une tribune politique. Mais même s’il se défend lui-même comme l’ancien président yougoslave, Radovan Karadzic a choisi la voie d’un respect apparent des procédures malgré ses multiples atermoiements et tentatives de boycott.

Et comme son ancien chef, il a choisi ce lundi 1er mars de ne pas mettre sa propre défense en avant, mais celle des Serbes, « une cause juste et sacrée », selon lui. « Je ne suis pas ici pour défendre un simple mortel mais la grandeur de la petite nation serbe en Bosnie », affirme-t-il.

C’est à  un véritable cours d’histoire bosniaque, vu depuis l’éphémère capitale bosno-serbe de Pale, que s’est livré ce matin l’ancien président de la Republika Srpska. Selon Radovan Karadzic, l’existence même de la République bosno-serbe autoproclamée est la preuve que les Serbes n’ont pas eu ce qu’ils voulaient, à savoir leur maintien dans la Yougoslavie.

A l’appui d’enregistrements de séances au Parlement bosniaque, de films d’actualité et d’enregistrements téléphoniques, il s’est employé à démontrer « la responsabilité première, selon lui, des musulmans dans le déclenchement de la guerre de Bosnie ». Une responsabilité qui, pour Radovan Karadzic, repose aussi largement sur les épaules de l’Allemagne qui, par sa reconnaissance hâtive de l’indépendance croate, a précipité voire causé l’éclatement de la Yougoslavie.

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