La banque Goldman Sachs est dans le collimateur des autorités financières américaines. Cette banque prestigieuse a mis au point, en 2001, des produits dérivés et des montages complexes qui ont permis au gouvernement d'Athènes de réduire, au moins en apparence, le montant de sa dette publique. Ces transactions ont réduit le gouffre de plus de 2 milliards d'euros. A l'époque la Grèce a donc pu remplir grosso modo les critères imposés par l'Union européenne, pour entrer dans la zone euro et se mettre sous l'ombre protectrice de la monnaie unique européenne.
Et ce n'est pas tout, la chancelière allemande Angela Merkel a mis en avant le rôle joué, beaucoup plus récemment, par la même banque auprès du gouvernement grec écrasé sous le poids de sa dette. Ainsi, il y a un an, un fonds de titrisation spécial a servi de gage à l'émission de 5 milliards d'euros remboursables en... 2039. Cela peut aussi s'appeler renvoyer aux calendes « grecques » le paiement de sa dette.
Pompier pyromane
Le patron de la FED, Ben Bernanke a donc décidé d'aller y voir de plus près. En effet Goldman Sachs a non seulement permis à la Grèce de dissimuler l'ampleur de sa dette, mais les autorités américaines se demandent si les montages financiers opaques imaginés par la banque n'ont pas, en plus, fait l'objet d'abus et contribué à déstabiliser le pays. En clair le président de la commission bancaire du Sénat américain s'est publiquement interrogé sur la possibilité que les institutions financières aient pu amplifier la crise pour en retirer des bénéfices. Un genre de pompier pyromane en quelque sorte.
Du côté de Goldman Sachs on se borne, pour l'instant, à reconnaître que les opérations auraient pu être plus transparentes mais qu'elles étaient parfaitement légales à l'époque.
Liens étroits
Voilà qui ne va pas redorer le blason de la finance américaine en général, après la crise des subprimes, ni celui de la banque Goldman Sachs en particulier. Goldman Sachs était en première ligne sur le marché des subprimes, les crédits hypothécaires à risque, à la période où ils rapportaient de l'argent. Mais la banque est soupçonnée, dans les milieux financiers, d'avoir senti le vent tourner avant tout le monde et d'avoir, à partir de 2007, parié sur leur effondrement. Et d'en avoir, là encore, retiré beaucoup d'argent. Créer une bulle financière, puis la faire éclater soit toucher deux fois le jackpot. On estime que Goldman Sachs n'est pas, non plus, étrangère à la chute de sa rivale Lehmann Brother. Pour certains analystes, cela tient pour beaucoup aux liens étroits au moment de la crise financière entre la banque et le secrétaire d'Etat au trésor de l'administration Bush, Henry Paulson, qui était aussi ancien PDG de Goldman Sachs. On retrouve d'ailleurs des anciens de Goldman Sachs un peu partout : Petros Christodoulou qui vient d'être nommé à la tête de l'agence de la dette grecque est lui-même un ancien cadre de Goldman Sachs et de JP Morgan.