Avec notre correspondant à Islamabad, Nadia Blétry
Depuis l’annonce de l’arrestation du mollah Baradar la semaine dernière, plusieurs chefs talibans ont été interpellés au Pakistan. Un étrange calendrier qui pourrait laisser penser que ces arrestations résultent de dénonciations. Pourtant, les circonstances de certaines de ces captures restent obscures.
Dans le cas de l’arrestation du mollah Kebir par exemple, on peut douter de cette thèse, d’autant que ce leader taliban est connu pour entretenir des relations avec les services de renseignement pakistanais. Autant dire que sa présence dans le nord-ouest du Pakistan n’était pas un grand mystère. Il a notamment été vu à Peshawar ces dernières années.
Ce qui est sûr en revanche, c’est que cette nouvelle vague d’arrestations soulève beaucoup de question au Pakistan. Le mollah Baradar a-t-il véritablement été arrêté ou était-il au contraire engagé dans des négociations avec Kaboul, comme on l’entend beaucoup au Pakistan ? Les Pakistanais tentent-ils de maintenir leur influence sur le gouvernement de Kaboul en livrant des combattants afghans présents sur leur sol ? Ces captures indiquent-elles enfin que les autorités pakistanaises ont choisi de collaborer plus étroitement avec leur partenaire américain en leur livrant ces chefs talibans ?
Il est trop tôt pour le dire. D’autant que les Pakistanais ont besoin de la profondeur stratégique de l’Afghanistan et se méfient toujours du gouvernement de Hamid Karzaï en Afghanistan. Un gouvernement qu’ils jugent trop proche de New Dehli, l’ennemi héréditaire d‘Islamabad.