Discrète visite du Dalaï Lama à la Maison Blanche

Le président américain Barack Obama reçoit ce jeudi 18 février 2010 à la Maison Blanche le Dalaï Lama pour un entretien privé loin des caméras, mais qui n'en suscite pas moins la colère de Pékin. La Chine accuse le dirigeant spirituel tibétain en exil de séparatisme et a prévenu qu'une telle rencontre nuirait aux relations déjà tendues entre Pékin et Washington.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

L’été dernier, Barack Obama avait préféré reporter l’entrevue qu’il devait avoir avec le Dalaï Lama lors de son passage à Washington. N’occupant la Maison Banche que depuis quelques mois, il voulait prendre un bon départ avec la Chine dont il souhaitait la coopération sur des dossiers tels que la Corée du Nord, le changement climatique, la crise financière et l’Iran.

Sa décision toutefois avait été très critiquée et par les républicains et par les organisations des droits de l’homme. Cette année, il a donc décidé de faire amende honorable. Mais comme les Chinois sont déjà très mécontents de la décision de Washington de fournir plus de 6 milliards de dollars d’armes à Taïwan, le président Obama a orchestré toute une mise en scène pour que la rencontre, tout en honorant le leader tibétain, n’indispose pas outre mesure Pékin.

La visite va donc être aussi discrète que possible. Barack Obama n’apparaîtra pas en public aux côtés de son visiteur comme George Bush, qui avait remis en 2007 au chef spirituel la médaille d’or du Congrès. Il ne le recevra pas non plus dans ses appartements privés comme Bill Clinton.

L’audience prendra place dans la salle des cartes de la West Wing, pas dans le bureau ovale. Pour ne pas offenser Pékin, le Dalaï Lama devra en quelque sorte entrer par la petite porte et se contenter d’une visite à la sauvette.

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La Chine prépare sa riposte

Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin

Pour l’instant, c’est le silence total de la part des autorités chinoises. Après avoir multiplié pendant plusieurs semaines les mises en garde et les injonctions à l’adresse de Barack Obama, plus aucun communiqué n’a été diffusé ces derniers jours.

La Chine, qui n’a pas pu empêcher cette rencontre, prépare maintenant sa riposte dans le plus grand secret. Les sanctions pourraient frapper l es intérêts économiques mais aussi remettre en cause le soutien de la Chine à la diplomatie américaine sur des grands dossiers tels que les programmes nucléaires iranien et nord-coréen comme le souligne Xin Hua, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales de Pékin : « La réception du Dalaï Lama par le président Obama doit être considérée comme une décision très grave non seulement pour les intérêts américains mais aussi pour les intérêts globaux puisque la Chine et les Etats-Unis ont ensemble une grande responsabilité dans la recherche de solutions à beaucoup de problèmes internationaux ».

Pour l’instant, aucune sanction n’a encore été annoncée. On note simplement que la Chine s’est récemment délestée d’environ 35 milliards de dollars de bons du Trésor américain. Peut-être un premier avertissement, avant d’autres sanctions qui pourraient frapper en priorité les marchands d’armes et avionneurs américains.

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