C'est une manière très politique pour le président Karzaï de souligner que 2 500 soldats afghans participent à cette opération qui est d'ailleurs baptisée « ensemble », Mushtarak, en langue locale. De son côté, l'Otan avait d'ailleurs répandu des tracts dans cette région pour inviter les quelque 130 000 habitants de Marjah et de ses environs à se mettre à l'abri. Mais aussi pour leur assurer que cette opération ne se fait pas contre eux mais à leur bénéfice sécuritaire. Le tout dans l'espoir d'une stabilisation plus durable qui verrait les forces internationales passer le relais aux forces afghanes.
L'objectif immédiat est en effet de déloger les talibans très ancrés dans cette région productive d'opium, le nerf de la guerre pour les insurgés. Selon différentes sources militaires, les talibans seraient entre 400 et un millier dans cette zone qui leur est très familière et où ils peuvent pratiquer la guerilla plutôt que d'opposer une résistance frontale.
Mushtarak est la plus vaste opération militaire lancée en Afghanistan depuis le début de l'intervention américaine en 2001.
Le président Obama l'a répété. Pour lui, la lutte contre le terrorisme international doit se concentrer sur l' Afghanistan, un pays où sévissent les talibans et qui est également frontalier des zones tribales du Pakistan où serait réfugié Oussama Ben Laden. L'effort de guerre américain s'est déjà déplacé pour passer d'Irak en Afghanistan avec notamment l'annonce d'un renfort de 30 000 soldats américains.
Parrallèlement, sur le terrain politique, Washington et Kaboul sont d'accord pour chercher à négocier avec ceux des chefs talibans qui pourraient se détacher de la mouvance al-Qaïda. Au militaire comme au politique, c'est donc une stratégie qui s'annonce plutôt de longue haleine.