Une journée sous haute tension

Les manifestations officielles de célébration de l'anniversaire de la Révolution islamique iranienne rassemblent des dizaines de milliers de personnes à Téhéran ce 11 février 2010. Des heurts sont signalés entre les forces de l'ordre et les opposants qui entendent bien faire entendre leur voix, huit mois après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

Les images de la télévision officielle montre des centaines de milliers de personnes, rassemblées sur la place Azadi, la place de la liberté ce jeudi 11 février 2010. On peut les voir brandissant des portrait de l'ayatollah Khomeini, le fondateur de la République islamique ainsi que des effigies de l'actuel guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei.

Les manifestants scandent également des slogans hostiles à Israël et aux Etats-Unis. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui s'est adressé à la foule, a d'ailleurs accusé son homologue américain Barack Obama d'avoir « raté des occasions » et de « servir les intérêts sionistes en s'en prenant à l'Iran ».

 

Un site internet d'opposition affirme que des milliers de personnes ont d'ores et déjà répondu à l'appel des chefs de file de l'opposition à commémorer à leur manière le 31e anniversaire de la Révolution. Plusieurs incidents ont été signalés. Les forces de sécurité auraient ainsi fait usage de gaz lacrymogènes dans le centre de Téhéran contre des partisans de Mir Hossein Moussavi, battu en juin dernier lors du second tour de la présidentielle. Mir Hossein Moussavi lui-même, ainsi que Mehdi Karoubi autre candidat de l'opposition, auraient été agressés par les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de rejoindre une manifestation contre le régime. La petite-fille de l'ayatollah Khomeini, épouse de l'un des fils de Mehdi Karoubi, aurait quant à elle été arrêtée.

C'est donc une journée sous très haute tension que la capitale iranienne est en train de vivre même si, en l'absence de couverture médiatique, il est encore très difficile de connaître l'ampleur de la mobilisation de ceux qui, depuis le 12 juin dernier, dénoncent les fraudes massives qui ont permis selon eux la réélection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad.

Eviter le « piège de la violence »

Mercredi 10 février, le chef de la police avait annoncé l’arrestation de plusieurs opposants qui faisaient des préparatifs pour organiser une manifestation de l’opposition. Toute personne arrêtée ce jeudi 11 février restera en prison au moins deux mois, a prévenu une source officielle. Depuis plusieurs jours, les autorités et les médias officiels ont multiplié les mises en garde contre toute manifestation de l’opposition.

Celle-ci veut tirer les leçons de son dernier coup d’éclat, le 27 décembre 2009, jour de la fête musulmane chiite d’Achoura. Les violences avaient alors fait 8 morts et des centaines de blessés. La consigne qui circule depuis quelques jours dans l’opposition iranienne est d’éviter la violence.

Voir également le dossier spécial réalisé par France 24.

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