Le Parlement a voté pour que le président soit remplacé temporairement

La polémique sur l'absence du président Umaru Yar’Adua, hospitalisé en Arabie Saoudite depuis bientôt deux mois, enfle au Nigeria. Après le Sénat, la Chambre des représentants a voté mardi 9 février 2010 une résolution demandant que son intérim soit assuré par le vice-président Goodluck Jonathan, mais c'est le gouvernement qui doit décider. En attendant le Conseil des ministres qui se tient mercredi 10 février, Goodluck Jonathan a annoncé, dans une allocution télévisée, qu'il acceptait de présider temporairement le pays.

« Pour la paix, l'ordre et la bonne gouvernance de la fédération et en accord avec les décisions des tribunaux, le vice-président Goodluck Jonathan doit assumer pleinement les pouvoirs présidentiels en tant que président par intérim », c'est en ces termes que le Parlement du Nigeria s'est prononcé, mardi matin 9 février, en faveur du remplacement du président Yar’Adua, 58 ans, par le vice-président Goodluck Jonathan, 52 ans, durant la période d'hospitalisation du chef de l'Etat qui se trouve à Djeddah, en Arabie Saoudite, depuis le 23 novembre dernier. Ainsi, la Chambre des représentants est allée dans le même sens que le Sénat, qui a récemment adopté une résolution similaire. Auparavant, la même résolution avait été prise par la Haute Cour qui avait donné quatorze jours au gouvernement pour décider de l’aptitude du président à assumer ses fonctions.

Ce vote de l'Assemblée nationale ne peut être considéré que comme une pression supplémentaire sur, non seulement, le président Umaru Yar'Adua mais, également, sur le gouvernement qui, lui, peut constater l'incapacité du président à diriger le pays.
C'est la première fois dans l'histoire du Nigeria que le pays connait une telle situation. Et comme d'ailleurs vient de le reconnaitre le président du Sénat David Mark, ce cas de destitution d'un président malade, soigné à l'étranger, n'est pas prévu dans la Constitution.

Certains font référence à l'article 143 de la Constitution, mais cet article a ses limites, car l' « impeachment » du président exige la présence sur place de ce dernier. Quelles que soient les pressions que peuvent donc exercer l'Assemblée nationale, le Sénat ou la Haute Cour, aucune de ces institutions ne peut démettre le président de ses fonctions. Là-dessus, la Constitution est sans ambiguïté et ce sont les articles 144 et 145 qui le stipulent : soit c'est le président, lui-même, qui écrit pour transférer ses pouvoirs au vice-président ; soit les deux tiers du gouvernement adoptent une résolution pour constater son incapacité à gouverner le pays.

Le Conseil des ministres devrait se réunir mercredi 10 février. Le gouvernement a la prérogative de faire le constat que le président est inapte. Mais n'oublions pas que le gouvernement compte 41 membres et qu'ils ont été tous choisis par le président. Malgré plus de deux mois et demi d'absence, le pays fonctionne quand même. Le gouvernement travaille et, surtout, le vice-président a d'énormes pouvoirs que lui confère la Constitution.

Mais il faut reconnaitre que l'absence prolongée du président Yar’Adua a déjà des conséquences pour le pays. Premier exemple: l’industrie des hydrocarbures, qui génère 90 % des recettes d’exportation, devait être privatisée et sa fiscalité revue à la hausse. Cette réforme est aujourd'hui au point mort. Deuxième exemple : le pays vit encore sur le budget 2009, car le président n'a pas encore signé celui de 2010.

En raison de l’absence du président, le processus de pacification du sud - la région pétrolifère en proie aux violences - a du plomb dans l'aile et les attaques par les groupes armés ont repris ces dernières semaines.

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