Avec notre envoyé spécial à Kiev, Piotr Moszynski
Viktor Ianoukovitch parle nettement mieux le russe que l’ukrainien, mais le nouveau président doit compter avec toute la partie occidentale du pays, hostile au rapprochement avec Moscou. Or en Ukraine, contrairement à la Russie, une vraie opinion publique existe et, même dans la partie russophone, une certaine fierté nationale ukrainienne a fait son apparition.
Ainsi, sur les dossiers qui fâchent le plus dans les relations russo-ukrainiennes, comme le gaz ou la présence de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, Viktor Ianoukovitch doit faire très attention pour ne pas apparaître comme un « vassal de Moscou » aux yeux de sa propre opinion publique. Il va donc sans doute continuer à moderniser les gazoducs ukrainiens en coopération avec l’Occident, pour éviter justement de se laisser vassaliser.
Et quant à la flotte russe de la mer Noire, même s’il voulait céder devant les pressions russes, il ne pourrait pas le faire sans changer la Constitution qui exclut la présence des troupes étrangères sur le sol ukrainien. Il faut donc s’attendre probablement à une politique plus équilibrée que celle que l’on pourrait prévoir en lisant l’étiquette « pro-russe ».