Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Sur la première chaîne nationale, en prime-time, l'image est saisissante : d'un côté, il y a Ioulia Timochenko, robe noire et tresse blonde éternellement enroulée autour du crâne. Et de l'autre... il n'y a qu'un pupitre vide, sur lequel zoome de temps en temps la caméra.
Ce pupitre c'est celui de Viktor Ianoukovitch, le grand vainqueur du premier tour de la présidentielle, et favori du second, dimanche. Ianoukovitch qui s'est décommandé au dernier moment, quelques heures seulement avant le direct.
Faute d'adversaire, la Premier ministre s'est donc retrouvée à débattre toute seule, récupérant au passage le temps de parole de son rival. Quatre-vingt-six minutes durant lesquelles elle a parlé sans interruption, face caméra, avec son regard déterminé et son débit de parole presqu'hypnotique.
C'est donc un beau cadeau qu'a fait malgré lui Viktor Ianoukovitch à son adversaire. On le disait, depuis plusieurs semaines, c'était lors du débat que Ianoukovitch pouvait perdre la présidentielle. Lui, le piètre orateur, le russophone dont on moque souvent la diction hésitante et l'Ukrainien mal assuré, il a préféré ne pas venir, plutôt que d'affronter une Ioulia Timochenko qu'il accuse de « déverser des torrents de calomnies et d'immondices ».