Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Sur les deux millions de manifestants qui avaient hurlé leur opposition à une intervention militaire en Irak lors des défilés monstres de l’hiver 2003, beaucoup n’ont toujours pas pardonné à Tony Blair la décision la plus controversée de sa carrière.
D’ailleurs pendant qu’il s’exprimera durant six longues heures dans une petite salle d’un centre de conférence situé à quelques pas à peine du Parlement, sur la place de Westminster des manifestations sont prévues, à l’appel de l’infatigable coalition pacifiste Stop The War. La même qui, il y a sept ans, demandait au Premier ministre de renoncer à une guerre illégale.
Pendant ce temps, Tony Blair passera sur le gril et pourra sentir derrière lui la présence de quelque quatre-vingt Britanniques tirés au sort pour assister à son témoignage, notamment une vingtaine de proches de soldats britanniques tués pendant l’invasion.
Les attentes sont grandes donc, mais préviennent beaucoup des journaux, elles risquent d’être déçues : il n’y aura certainement pas de révélations spectaculaires, Tony Blair a déjà, par le passé, répondu à toutes les questions possibles sur ce sujet. Il n’empêche, comme l’écrit le journal The Independent, c'est un peu comme la réédition d'un album des Beatles : on a beau connaître les chansons, l'hystérie est toujours là.
Les questions auxquelles Tony Blair devra répondre sont nombreuses
Les questions les plus cruciales sont : a-t-il, comme viennent de l’affirmer certains de ses conseillers, promis dès 2002 en secret à George Bush de participer à l’invasion de l’Irak avec ou sans l’aval explicite de l’ONU ? A-t-il volontairement trompé les Britanniques en exagérant la menace irakienne pour vendre cette guerre à une opinion qui s’y opposait ? Enfin, a-t-il forcé la main de son principal conseiller juridique pour lui faire dire au dernier moment, et après bien des hésitations, qu’une guerre serait légale même sans nouveau feu vert des Etats-Unis ?
Voilà des points sur lesquels Tony Blair est très attendu.