C'est l'attaque la plus spectaculaire menée par les talibans depuis qu'ils ont fait de la capitale afghane une cible privilégiée. Un commando d'une vingtaire ou d'une trentaine d'hommes s'inflitre dans l'un des quartiers les mieux sécurisés de la capitale.
En plein centre-ville... dans le quartier du palais présidentiel de Kaboul qui abrite également la Banque centrale afghane et de nombreux ministères
6h du matin en TU, deux puissantes explosions déchirent le brouhaha des embouteillages. Ce sont deux kamikazes qui viennent de se faire sauter non loin de la Banque centrale. L'odeur acre de la fumée poussée par le vent envahit le centre-ville. Le quartier se vide de ses habitants. Des ambulances et des camions de pompiers convergent vers un centre commercial en feu dans lequel des talibans se sont retranchés
Quelques minutes plus tard, un chauffeur de l'Agence France-Presse se trouve à un carrefour, près du ministère des Affaires étrangères. Des soldats et des policiers tentent d'arrêter une ambulance. « Ensuite dit Aktar, j'ai vu un gros flash de lumière devant moi et une grosse explosion ». C'est un troisième kamikaze qui vient de déclencher sa bombe.
Des hélicoptères Blackhawk américains tournoient dans le ciel, mais c'est au sol, pendant quatre longues heures que le fracas des tirs d'armes automatiques et des mitrailleuses lourdes se fait entendre. Dans ce contexte le bilan provisoire est presque un miracle à peine 5 morts dont un enfant, un policier et un soldat afghans. Par ailleurs quatre kamikaze sont morts dans ces attaques.
L’attaque est d’ores et déjà revendiquée par les talibans. Un porte-parole du mouvement affirme que les islamistes ont lancé 20 kamikazes, portant des ceintures d'explosifs, à l'assaut du palais présidentiel et de ministères situés dans ce quartier.
L'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke a qualifié cette attaque de «désespérée et impitoyable». Pour le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, «la situation est grave, comme elle l'est hélas depuis longtemps» à Kaboul.
Cette opération commando extrêmement bien organisée a eu lieu alors que plusieurs ministres du gouvernement Karzaï étaient en train de prêter serment.