Les oulémas contre une intervention américaine anti al-Qaïda

Des frappes américaines au Yémen envisagées hier le 13 janvier par un influent sénateur américain aboutiraient à renforcer al-Qaïda au lieu de l'affaiblir, préviennent officiels, religieux et experts. En suggérant « le recours à des drones armés, des raids aériens ou des opérations clandestines pour frapper al-Qaïda au Yémen », Carl Levin, président de la commission de la Défense au Sénat américain, espère faire reculer dans ce pays l'organisation fondée par Oussama Ben Laden. 

Avec notre correspondant à Sanaa, François-Xavier Trégan

On se souvient des menaces terroristes d’al-Qaïda sur Sanaa, pointées au début du mois par les Etats-Unis. À Sanaa les avis sont unanimes, toute intervention américaine directe produirait l'effet inverse.

« Le Yémen veut éradiquer al-Qaïda », a rappelé une source du ministère de la Défense. En fait, les autorités confirment que leur détermination sur le terrain sécuritaire ne sera en rien entamée par une volonté parallèle de dialogue politique.

Il y a quelques jours, le président Saleh, avait invité les terroristes à déposer les armes pour ensuite venir discuter avec le gouvernement. Mais les opérations anti-terroristes se poursuivent. Elles se concentrent d’ailleurs dans la province de Shabwah, dans l’est du pays, où un chef local d’al-Qaïda vient de trouver la mort et où les têtes politiques et sécuritaires du mouvement terroriste auraient aussi trouvé refuge.

Ce jeudi matin, les principaux savants religieux du pays, les oulémas, se sont réunis à la mosquée al-Mashhad dans la vieille ville de Sanaa. Ils ont mis en garde contre une intervention étrangère dans le pays. « Elle déclencherait un jihad, une guerre sainte, pour repousser l’agression des envahisseurs », ont averti les savants.

Plus de 150 signataires ont d’ores et déjà endossé ce communiqué des oulémas dont beaucoup de personnalités islamistes. Donc au Yémen, l’heure est vraiment à l’offensive sécuritaire, mais aussi aux mises en garde.
 

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