Kouchner et Kagame ont parlé du génocide et de la coopération

Rencontre importante et symbolique, jeudi 7 janvier 2010 à Kigali, entre Bernard Kouchner et Paul Kagame. La discussion entre le ministre français des Affaires étrangères et le président rwandais scelle la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, décidée en novembre 2009. Elles étaient rompues depuis 2006.

C’est un Paul Kagame tout sourire qui est ressorti de l’entretien, jeudi 7 janvier, et qui a donné l’accolade à Bernard Kouchner. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, depuis l’époque du génocide, il y a 15 ans.

Plusieurs fois, durant l’entretien, le président rwandais aurait prononcé le mot « business ». Il est clair que le Rwanda attend les hommes d’affaires français à Kigali. En revanche, pas une seule fois Paul Kagame n’aurait évoqué tout les contentieux judicaires qui opposent Kigali et Paris. Il en aurait laissé le soin à son ministre de la Justice. Une façon d’insinuer que ces questions judicaires ne seraient plus prioritaires.

« Tourner la page ne veut pas dire oublier », a déclaré la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, quelques minutes après cet entretien à la présidence rwandaise. Et de ce point de vue, Kigali fait deux demandes auprès de Paris. Le Rwanda veut relire avec la France les pages les plus sombres de l’histoire commune franco-rwandaise. Sous-entendu, les pages de la guerre civile et du génocide dans les années 1990. D’où la proposition du Rwanda de créer avec la France une commission mixte, une commission conjointe qui se pencherait sur le rôle avant, pendant et après le génocide. Une commission composée, peut-être, d’historiens et de témoins. Bernard Kouchner s’est dit « d’accord à condition que cette commission ne caricature pas les faits ».

Seconde demande : le Rwanda souhaite que la justice française fasse avancer les enquêtes sur les quelque quinze Rwandais réfugiés en France qui sont soupçonnés d’avoir participé au génocide. De ce point de vue, la France a donné son accord, puisque l’on vient d’annoncer à Paris la création prochaine d’un pôle de magistrats spécialisés dans les affaires de génocides et de crimes contre l’humanité qui enquêterait en priorité sur ces quinze présumés génocidaires.

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