Avec notre envoyé spécial au Rwanda, Christophe Boisbouvier
Le défi n’est pas mince, car depuis plus de 15 ans, depuis le génocide et l’arrivée au pouvoir du FPR de Paul Kagame à Kigali, les relations franco-rwandaises sont détestables. Aujourd’hui, chacun y met du sien.
La querelle judiciaire n’est pas vidée, mais elle est sous contrôle. Surtout, les deux pays ont intérêt à se rapprocher. Depuis un an, depuis que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont menacé de couper les vivres au Rwanda si son allié le rebelle congolais Laurent Nkunda continuait d’écumer la région de Goma, Paul Kagame sait qu’il a intérêt à diversifier ses alliances. De ce point de vue, la France est une nouvelle carte dans son jeu.
De leur côté, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ne sont sans doute pas mécontents de réintroduire la France dans un pays africain où les anglo-saxons pensaient avoir le champ libre.
Entre la France et le Rwanda, les sujets d’intérêts communs ne manquent pas : la paix dans l’est du Congo-Kinshasa, le développement économique de toute la région des Grands Lacs, grâce à ce projet de marché commun que Nicolas Sarkozy a défendu l’an dernier devant les parlementaires congolais au palais du peuple de Kinshasa.
Et il y a la question linguistique : depuis un an, dans toutes les écoles primaires du Rwanda, le français est remplacé par l’anglais. Pas sûr que tous les Rwandais s’y retrouvent. Un membre de la délégation nous a confié : « le bilinguisme, c’est pas mal.»