Adoption d’un budget de crise en trompe l’œil

Après cinq jours de débat, les députés grecs ont adopté dans la nuit du 24 décembre, par 160 voix (celles du Pasok au pouvoir) contre 139, le budget 2010 qui doit, selon le gouvernement, être un premier pas vers l’assainissement des finances du pays et un moyen de rétablir sa crédibilité sur la scène internationale et notamment envers les marchés dont dépendent ses capacités d’emprunt.

Avec notre correspondant à Athènes, Philippe Cergel

Budget de l’espoir d’un redressement de la Grèce selon le Premier ministre Georges Papandréou, budget des manipulations comptables pour noircir la situation, selon le nouveau chef de l’opposition de droite Antonis Samaras, dans son baptême du feu face à son ancien camarade d’université socialiste, ou encore budget du double langage et des mesures antisociales selon la gauche radicale et les communistes.

Bref, un exercice assez convenu de discours d’économie politique auquel s’est livré un nombre record de 212 députés sur 300 et qui s’est conclu par un vote sans surprise, en raison de la confortable majorité socialiste. D’autant que ces élus, sans aucun pouvoir d’amendement, n’étaient appelés qu’à approuver ou à rejeter en bloc les dépenses de chaque ministère.

L’objectif de réduction de 4% du déficit l’an prochain est donc confirmé avec un ajustement de plus de 8 milliards d’euros provenant à parts égales d’une réduction des dépenses et d’une hausse des recettes. L’éducation, avec 1 milliard d’euros, la santé, avec la mise en service de plusieurs unités de soins intensifs, les bas-salaires et les chômeurs sont les seuls épargnés.

Partout ailleurs le mot d’ordre est aux économies, à la chasse au gaspillage et à l’accroissement de la taxation. Alcool, tabac et carburants devraient ainsi augmenter en attendant la réforme fiscale et celle des retraites.

Tout cela devrait être précisé dans le plan de Stabilité et de Croissance qui sera présenté fin janvier à Bruxelles ainsi que dans une série de projets de lois à venir alors que le ministre de l’Economie n’exclut pas une révision budgétaire en cours d’année. Et comme pour l’instant les analystes restent dubitatifs, plusieurs députés sont partis vers leurs circonscriptions avec le sentiment qu’on leur présentera une pilule bien plus amère après la trêve des confiseurs.

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