De notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis
Franc et courageux, c'est ainsi que beaucoup le décrivent. Shujaat Bukhari était le fondateur d'un groupe de quatre médias du Cachemire. Et dirigeait la rédaction anglophone du Rising Kashmir. Il était connu pour son combat en faveur de la paix, dans lequel il n'épargnait personne.
Ce qui lui a peut être coûté la vie, explique à RFI Rachid Maqbool, l'un de ses collègues : « Dès qu'il le pouvait, il exprimait son opinion selon laquelle le combat ne pouvait être la solution au Cachemire. Il était convaincu que seul un dialogue sérieux pouvait apporter la paix ». Shujaat Bukhari avait déjà échappé à une tentative de meurtre en 2002 et recevait depuis une protection policière. Mais ses deux gardes ont été abattus avec lui par les motards qui ont surgi devant son bureau. Comme en 2002, ce crime n'a pas été revendiqué.
Mais cela n'empêchera pas la rédaction de continuer son combat. « Quand nous faisions face à une situation délicate, je lui disais que nous devrions faire attention. Il souriait alors, et me répondait que la mort était inévitable, que rien ne pouvait l'arrêter. Il était vraiment courageux. Au Cachemire, le danger est permanent, nous affrontons cette violence depuis 30 ans, et ce n'est pas ce crime qui va effrayer les journalistes. Il n'en est pas question ! », nous confie encore Rachid Maqbool.
Onze journalistes ont été tués en Inde, l'année dernière. Le pays figure à la 138e place dans le classement de la liberté de la presse de RSF.