Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard
Waseem Akhtar, c’est son nom, vient de remporter le scrutin depuis sa cellule. Ancien ministre et député, il est emprisonné depuis mi-juillet sous une dizaine de chefs d’inculpation, parmi lesquels soins à des détenus accusés de terrorisme et incitation à l’émeute.
Il s’est dit prêt à diriger l’une des villes les plus peuplées au monde. « Par video-conférence, une fois que le bureau qu’il exige aura été installé en prison », ont fait savoir ses avocats en assurant qu’« il pouvait tenir ainsi les cinq années de son mandat ».
Le MQM est très populaire à Karachi
Le futur élu s’est rendu au bureau de vote escorté par la police en voiture blindée. Son parti, le MQM, Muttahida Qaumi Movement, était assuré de remporter la victoire tant il règne en maitre sur la province du Sindh et particulièrement à Karachi, où il comptait pour ce scrutin, 214 des 308 membres électeurs.
Le « Mouvement National Uni », en français, fondé par des immigrés de langue ourdou, est régulièrement accusé de meurtre, d’extorsion de fonds et de blanchiment d’argent. Depuis trois ans, le pouvoir pakistanais tente de rétablir l’ordre dans la mégapole par le biais de ses puissants rangers, une force paramilitaire crainte dans le pays. Cette campagne des forces armées a fait plusieurs centaines de morts parmi les militants du MQM.
Cette élection est donc tout un symbole : la ville la plus peuplée du pays, réputée pour son important taux de criminalité, qui accueille en son sein la bourse et la banque centrale du Pakistan, est désormais dirigée depuis une prison.