Avec notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard
Les médias ont été censurés au Cachemire indien, après la mort d'un manifestant samedi. La police a effectué des descentes dans les bureaux des principaux médias locaux, saisissant des plaques d'impressions et des dizaines de milliers d'exemplaires de journaux. Les chaînes de télévisions du câble, en particulier les chaînes pakistanaises ont également été bloquées, et plusieurs employés travaillant pour différents médias ont été arrêtés.
Les autorités indiennes espèrent ainsi étouffer les violentes manifestations qui durent depuis une semaine dans la région. Mais de nombreux journalistes cachemiris jugent cette stratégie contre-productive. Ils estiment qu'elle contribuera au contraire à alimenter l'animosité envers la police et l'armée au Cachemire, un Etat en proie à des velléités indépendantistes et devenu de facto une zone militaire depuis 25 ans.
Cette région du nord de l'Inde, disputée par le Pakistan, est à nouveau en ébullition depuis la mort de Burhan Wani. Ce militant armé de 22 ans, devenu une icône de la cause séparatiste, a été tué par l'armée dans une fusillade le 8 juillet. Le lendemain, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues, à travers l'Etat en signe de soutien, s'en prenant parfois à des postes de polices et des installations militaires. Une quarantaine de manifestants ont depuis été tuées et des dizaines d'autres gravement blessées lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.