Violences au Cachemire indien: le bilan s'alourdit

En Inde, des violences au Cachemire ont causé la mort de 23 personnes et plus de 200 ont été blessées en deux jours d'affrontements entre forces gouvernementales et manifestants en colère. Ces violences ont suivi la mort du chef rebelle Burhan Wani. Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et tiré à balle réelle sur les manifestants lors de protestations d'une ampleur inédite depuis 2010.

Mort au combat à l'âge de 22 ans, Burhan Wani est devenu une icône aux yeux de ses nombreux partisans qui considèrent l'armée indienne comme une force d'occupation dans cette région disputée depuis 1947 et revendiquée dans son intégralité par l'Inde et le Pakistan. Cela faisait sept ans qu'il avait rejoint les rangs du groupe islamique Hizbul Muhahideen, un groupe rebelle considéré comme le principal mouvement séparatiste de la région. Un groupe qui combat les troupes indiennes pour obtenir l'indépendance ou le rapprochement avec le Pakistan.

La tension est brutalement monté d'un cran ce week-end. Malgré le couvre-feu en vigueur dans une grande partie du territoire, la mort de Burhan Wani a provoqué un rassemblement d'une ampleur inédite dans la capitale Srinagar depuis 2010. Ces trois derniers jours, les réseaux mobile et Internet ont été coupés pour prévenir de nouvelles manifestations et des troubles. Mais la situation demeure extrêmement tendue.

Les forces de sécurités indiennes qui mènent une guerre sans merci contre les séparatistes ont qualifié la mort de Burhan Wani de « succès majeur dans leur lutte contre les activistes » cachemiris. Quatre-vingt trois combattants auraient été tués depuis le début de cette année.


■Analyse

Pour le spécialiste Jean-Luc Racine, ce qui est nouveau aujourd'hui au Cachemire, c'est l'émergence d'une nouvelle génération de militants :

« Ce qui est en cause est la personnalité de Burhan Wani qui était en quelque sorte le profil emblématique de ces nouveaux militants cachemiris jeunes et qui contrairement à la génération précédente ne sont pas allés s’entrainer dans les camps sous contrôle pakistanais. Et c’est aussi Wani, le jeune homme qui a su le plus clairement utiliser les réseaux sociaux pour diffuser la cause du jihad au Cachemire. »

« On a là quelque chose qui est nouveau, c’est-à-dire des jeunes militants dont beaucoup viennent de la classe moyenne - certains très éduqués qui ont abandonné par exemple des études d’ingénieurs - et qui n’ont pas peur d’apparaitre en public avec des images qui circulent très largement dans la jeunesse cachemirie et qui appellent à relancer le combat. »

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