« Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer, il s’agit d’un faux pas tragique. Le centre médical a été considéré comme une cible par erreur. Les forces américaines ne viseraient pas délibérément un centre hospitalier ou tout autre bâtiment du même type. Nous présentons nos condoléances à tous. »
Selon l’explication officielle délivrée par le général Campbell, l’aviation américaine aurait en fait voulu viser un autre bâtiment, proche de l’hôpital, et contrôlé par les talibans, qui avaient pris le contrôle de la ville. Un problème technique aurait toutefois empêché l’aviation d’utiliser les coordonnées GPS pour localiser la cible et de mauvaises informations d’aiguillage, venues cette fois de l’armée afghane au sol, auraient conduit à cette confusion tragique, rapporte notre correspondant à Kaboul, Joël Bronner.
Le général Campbell a beau avoir qualifié dans son discours à Kaboul l’enquête de l’Otan d’« indépendante », ses conclusions ont peu de chances de satisfaire MSF, qui évoque une suspicion de crime de guerre. L’ONG doute depuis le départ de la sincérité des différentes investigations militaires et réclame, depuis le mois d’octobre, la constitution d’une enquête véritablement indépendante des forces armées. Une requête, qui nécessite l’accord de Kaboul comme de Washington, et qui est restée jusqu’à présent lettre morte.
Les doutes de MSF se basent notamment sur deux élements. Cinq jours avant l'attaque, l'ONG avait transmis aux commandements militaires les coordonnées spécifiques de l'unité de soins, et c'est précisément ce bâtiment qui a été détruit, après une heure d'attaque malgré les appels répétés de l'ONG dès la première frappe. Ensuite, dans un rapport, MSF soulignait que la plupart des militaires afghans soignés à l’hôpital avaient été évacués quelques jours plus tôt. En revanche, les insurgés étaient de plus en plus nombreux. Parmi eux, deux hauts responsables des talibans.