Avec notre correspondant à Kaboul, Joël Bronner
« Même la guerre a des règles », soutient Médecins sans frontières, à la recherche d'éclaircissements sur le bombardement de son hôpital afghan de Kunduz, samedi dernier. A l'issue d'une conférence de presse à Kaboul, le représentant de MSF en Afghanistan, Guilhem Molinié, les traits tirés, fait part de l'émotion toujours palpable au sein de l'ONG médicale : « Je pense qu'on est encore en état de choc. On n'aurait jamais imaginé être touché comme ça. Nous étions confiants du fait que les différentes parties du conflit respecteraient un hôpital, en sachant qu'elles bénéficiaient des services de cet hôpital. »
Les témoignages du personnel médical sur place laissent penser que le principal bâtiment de l'hôpital a été délibérément ciblé. Voilà pourquoi MSF réclame, en plus des enquêtes militaires en cours, la tenue d'une investigation menée par une commission indépendante. « Nous allons nous battre pour que cette commission indépendante soit utilisée. Ca créerait un précédent qui, aux yeux de MSF, est important pour le droit humanitaire international. »
Dans le cadre de la convention de Genève, une commission humanitaire d'établissements des faits existe de manière théorique depuis 1991. Mais dans la pratique, cette commission, qui nécessite notamment le consentement des pays impliqués pour voir le jour, n'a jamais été réunie jusqu'à présent.