Le Japon, l'autre pays du rugby

Grosse déception pour les supporters de l'équipe japonaise de rugby : elle a été balayée 45 à 10 par l'Ecosse ce mercredi 23 septembre lors de la Coupe du Monde de rugby. Et pourtant , quatre jours plus tôt, les Japonais avaient signé un incroyable exploit en battant l'Afrique du Sud. Le Japon semble pris de la fièvre du ballon ovale.

De notre correspondant à Tokyo,

Pour la première fois, mercredi 23 septembre, une grande chaîne de télévision privée japonaise a diffusé un match de rugby, en direct et à une heure de grande écoute, en l’occurrence celui entre l’Ecosse et le Japon. La même chaîne généraliste NTV n’avait retransmis la stupéfiante victoire du Japon contre l’Afrique du Sud que sur son réseau satellitaire. Depuis cet exploit, les médias japonais ne peuvent plus ignorer le rugby. D’autant moins que le Japon accueillera la Coupe du monde de 2019, la première à se tenir en Asie. Eddie Jones, l’entraîneur du Japon, dit que la performance présentée par son équipe jusqu’ici sert l’image de ce sport dans l’empire du sumo et du baseball.

La presse régionale titre aussi sur le rugby

D’ailleurs mercredi 23 septembre, les journaux télévisés et les radios accordaient plus d’importance à ce match Ecosse-Japon qu’au tournoi de sumo en cours. Même la presse régionale japonaise, dans les campagnes les plus réculées, consacre des éditoriaux à un Japon en train de prouver qu’il est aussi une sérieuse nation de rugby. Et puis Eddie Jones reste persuadé que le Japon peut encore atteindre les quarts de finale de cette Coupe du Monde s’il parvient à battre les Samoa le 3 octobre et les Etats-Unis le 11 octobre. Cela forcerait encre plus les médias japonais à accorder au rugby la visibilité qu’il mérite. Le technicien australien Eddie Jones, né de mère japonaise dit encore ceci : « Nous sommes tout en bas de la chaîne alimentaire, les petits poissons au fond de l’océan. Nous devons manger ce qui vient à nous », répond Eddie Jones.

Du rugby «made in Japan»

L’histoire du rugby japonais a changé. Il y a des enfants au Japon qui rêvaient de devenir des stars du baseball aux Etats-Unis, comme Ichiro Suzulki, ou des stars du football en Europe, comme Shinji Kagawa, maintenant, ils vont vouloir être des stars du rugby. Comment ? «En suivant la voie du Samourai», ajoute Eddie Jones. Il a inventé une façon japonaise de jouer au rugby en compensant le déficit de gabarit de ses joueurs en s’appuyant sur leurs forces : rapidité, organisation, précision. La marque de fabrique du « Made in Japan ». Mais plaquer les gros et coriaces Springboks, mettre de la vitesse pour vaincre l’Afrique du Sud n’aurait pas suffi. Eddie Jones a insufflé à ses joueurs, certains d’entre-eux naturalisés Japonais tels Michaelk Leitch ou le buteur Ayumu Goromaru, l’audacité du samourai.

126 000 licenciés au Japon

Les étudiants des universités se mettent au rugby. Mais pas seulement. La proportion de personnes qui ont joué au moins une fois dans leur vie au rugby au Japon est la plus importante du monde. Le Japon compte plus de 4 000 clubs, la France 1 740. Il y a 126 000 licenciés, soit bien plus que dans beaucoup de pays qualifiés pour cette Coupe du monde. Il y a un championnat qui s’appuie sur une ligue professionnelle avec le soutien de grandes entreprises comme Toyota, dont le chiffre d’affaires est à lui seul supérieur au produit intérieur brut de la Nouvelle-Zélande. Certains matches attirent jusqu’à 60 000 spectateurs. Le rugby est donc loin d'être impopulaire au Japon. Il a même longtemps attiré plus de monde dans les stades que le football. Mais depuis que le Japon a partagé en 2002 la première Coupe du monde de football à se tenir en Asie avec la Corée du Sud, le ballon rond est devenu plus populaire.

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