Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Si la frontière montagneuse du Cachemire est habituellement tendue en cette saison estivale propice aux mouvements et infiltrations, ce qu'il a été constaté ces dernières semaines est particulier. Des dizaines d'affrontements ont eu lieu, accompagnés de bombardements et de tirs de l'armée pakistanaise le long de la frontière, ce qui a coûté la vie à des dizaines de civils.
Deux attaques particulières
Le 27 juillet, trois terroristes pakistanais ont réussi à pénétrer sur le territoire indien où ils ont installé une bombe sur des rails de train et attaqué un arrêt de bus puis un poste de police, tuant trois civils et trois agents de sécurité avant d'être abattus. Puis, le 5 août, 4 militants ont pris d'assaut un convoi de militaires indiens. L'un des terroristes a pu être arrêté, ce qui est une première depuis 2008. Il a révélé qu'il avait été entraîné et envoyé par le groupe du Lashkar e Taiba, une organisation pakistanaise classée comme terroriste par la plupart des pays occidentaux, ainsi que par l'Inde, et accusée d'être responsable de l'attaque commando de Bombay de 2008. A l’inverse, Lashkar e Taiba opère librement au Pakistan.
Une rencontre exceptionnelle
Fait exceptionnel, les chefs de gouvernements indien et pakistanais, Narendra Modi et Nawaz Sharif, se sont entretenus le 9 juillet lors d'une conférence internationale. Ils ont annoncé que leurs conseillers chargés de la sécurité nationale se rencontreront à la fin du mois d'août. Or, ces tentatives de rapprochement sont rarement appréciées par les groupes séparatistes pakistanais et par une partie de l’armée pakistanaise qui les protège. Cette fois encore, ils semblent essayer de faire dérailler le dialogue en lançant ces offensives. Islamabad réfute toute implication dans ces attaques et nie même que le militant arrêté soit pakistanais, alors que celui-ci a avoué les faits devant les caméras indiennes.
Un dialogue politique compromis
Le dialogue politique sera difficile, et peut même être annulé, car le Pakistan n'a pas encore confirmé les dates. Narendra Modi est dans une position délicate : depuis le début de son mandat l'année dernière, il a tendu la main à Islamabad, mais n'a pas trouvé de base de discussion face à un Nawaz Sharif volontaire et populaire, mais menacé par son armée qui est opposée à toute négociation sur le Cachemire. New Delhi veut obtenir des efforts concrets, comme une plus grande ouverture douanière pour les produits indiens, promise depuis longtemps. Et si cela n'arrive pas, l'aile plus belliqueuse de son parti conservateur au pouvoir pourrait reprendre le dessus et mettre à bas toute tentative de résolution de l'un des plus longs conflits du monde.