Avec notre correspondante à Phnom Penh, Anne-Laure Porée
Après les très lourdes peines de 7 et 20 ans de prison prononcées contre onze militants de l’opposition, nombre de Cambodgiens ne comprennent pas l’absence de déclaration du chef de cette opposition, Sam Rainsy, ni son départ le soir même pour la France.
La condamnation de ses partisans révèle la position de faiblesse de Sam Rainsy, commentent certains. Parce qu’elle prouve, disent-ils, que le président du Parti du sauvetage national (PSN) ne pèse pas. Or il dînait en famille avec le Premier ministre il y a à peine dix jours. Et il diffusait les photos prises avec son adversaire lors du repas pour illustrer la « culture du dialogue », instaurée d’un commun accord il y a trois mois dans le but d’éliminer la violence du champ politique au Cambodge.
Le jugement est également perçu comme une provocation destinée à diviser l’opposition en suscitant le mécontentement des militants du PSN.
« C'est un jeu »
D’autres enfin considèrent que le verdict fait pression sur l’opposition pour qu’elle cesse ses actions à la frontière avec le Vietnam. Depuis plusieurs semaines, elle intensifie ses visites sur le terrain pour démontrer que le voisin vietnamien empiète sur le territoire national. Un sujet brûlant au Cambodge.
A la sortie du tribunal, un des militants déclarait : « C’est un jeu ». Un moyen surtout pour le pouvoir d’alerter l’opposition sur les limites à ne pas franchir.