Avec notre correspondante à Phnom Penh, Anne-Laure Porée
Au moment du vote de la loi qui réglemente l’enregistrement des associations et des organisations non gouvernementales, le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant : cette loi n’entravera pas la liberté d’expression. Mais le texte est suffisamment ambigu pour que les ONG, en particulier celles qui défendent les droits de l’homme, s’inquiètent de son application par un gouvernement souvent dénoncé pour sa rigidité dans ce domaine.
Depuis des semaines, les ONG protestent contre des articles de cette loi qui autorisent à radier une organisation sur des accusations vagues. Par exemple, celle de « porter atteinte à la culture et aux traditions de la société cambodgienne ». Selon elles, la loi permettra la répression de toute contestation. L’opposition est critiquée pour avoir boycotté plutôt que de débattre la loi et de voter contre. Mais elle estime que cette stratégie retire toute légitimité démocratique au texte.
Le Cambodge compte près de 1 200 ONG actives sur 3 500 enregistrées. Beaucoup d’argent alimente ces organisations qui pallient l’absence de l’Etat dans certains secteurs. Mais celles qui montent au créneau aujourd’hui sont surtout celles qui ont une réelle influence dans le champ politique. Ce que le gouvernement considère depuis longtemps comme une ingérence dans les affaires du pays.