Avec notre correspondante à Pékin, Caroline Puel
Sur le plan administratif, c’est une petite révolution : voilà 66 ans que la Chine et l’île de Taiwan sont séparées sur le plan politique, même si les relations se sont bien améliorées depuis les années 1980 lorsque les premiers Taiwanais sont venus investir sur le continent chinois et surtout depuis 2008 avec l’arrivée au pouvoir à Taiwan du parti nationaliste, favorable à une réconciliation.
Aucune date n’a été fixée pour l’abrogation des permis d’entrée, mais l’annonce a été faite à très haut niveau, par Yu Zhongsheng, président du Sénat. Mais cela ne signifie pas pour autant que la Chine ait renoncé à son objectif de réunification avec Taiwan, bien au contraire : le mois dernier encore le président chinois a déclaré que l’île et le continent faisaient une seule Chine et Pékin a refusé d’intégrer Taiwan parmi les membres fondateurs de la nouvelle Banque asiatique des infrastructures, précisant qu’elle entrerait dans un second temps, sous une appellation « appropriée ».
Mais Pékin fait preuve de pragmatisme : l’an dernier plus de 5 millions de Taiwanais ont effectué un voyage sur le continent alors que 4 millions de Chinois se rendaient à Taiwan. Politiquement l’île et le continent évoluent donc toujours dans deux systèmes très différents : communisme sur le continent, démocratie sur l’île, mais Pékin continue de jeter ses filets culturels pour, pas à pas, retisser une proximité.