Cyclone Pam au Vanuatu: un besoin urgent en eau potable

Au Vanuatu, cinq jours après le passage du cyclone Pam, le bilan provisoire a été revu à la baisse par l'Onu. Il y aurait au moins 11 morts selon le Bureau des affaires humanitaires, contre 24 annoncés ces derniers jours. De nombreuses zones de l'archipel toutefois restent encore isolées et inaccessibles pour les secours ce qui pourrait contribuer à alourdir le nombre de victimes.

Avec notre envoyée spéciale à Port-Vila, Caroline Lafargue

A Port-Vila, la capitale, le nettoyage est en cours. Les bâtiments en dur ont résisté au cyclone mais dans les villages, hors de la capitale, et la brousse semble avoir été hâchée menu : les maisons sont des tas de débris, les potagers sont ensevelis sous les arbres arrachés qui ont perdu leurs feuilles. Efate, île tropicale, a changé de couleur, la brousse est devenue marron.

De l'eau potable en urgence

Pourtant, étonnamment, cinq jours après le cyclone, les villages proches de la capitale n’ont toujours pas reçu la visite des services vanuatais ni même des nombreuses ONG présentes, et les habitants se sentent oubliés. Les organisations humanitaires concentrent pour l’instant leurs efforts sur Tanna, qui compte 24 000 habitants et où 100% des maisons ont été laminées par le cyclone.

Selon l'ONU, l’urgence absolue, c’est la distribution d’eau potable. Les insulaires ne pourront pas tenir encore plus de cinq jours. Mais près d’une semaine après le cyclone, on en est toujours à la phase du bilan des dégâts et des besoins. La distribution de l’aide internationale devrait commencer demain jeudi et elle est principalement assurée par l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. Il est vrai que c'est un vrai casse-tête logistique de distribuer de l’aide à des dizaines d’îles disséminées. 

Des cultures ravagées, le bétail décimé

D'autre part le gouvernement a demandé aux ONG d’attendre pour éviter des doubles, voire des triples distributions dans certains villages. Mais l'aide est d'autant plus urgente que la population du Vanuatu dépend très largement d'une agriculture de subsistance détruite par le cyclone. 

Le directeur logistique d'Action contre la faim, Jean-Baptiste Lamarche, dresse la liste des défis qui attendent les secours. « On se retrouve avec une population qui n’a plus de ressources pour pouvoir s’alimenter, vivre et donc c’est là où la réponse humanitaire va apporter de l’aide alimentaire. En général, ce sont des produits relativement basiques, de la farine, de l’huile, du sucre. Ensuite, on a des programmes spécifiques liés aux enfants où là on va apporter des biscuits énergétiques. Un des gros enjeux aussi dans ces premiers moments après une catastrophe, c’est la production d’eau potable pour d’une part s’hydrater correctement mais aussi pour limiter les risques d’épidémies et de garantir un maximum d’hygiène. »  

L'hôpital de Port-Vila improvise

Le casse-tête logistique, c'est aussi le défi auquel est confronté l'unique hôpital public de Port-Vila. Toit éffondré, câbles éléctriques qui pendent...ce petit hôpital à la capacité limitée a, lui aussi, été endommagé par le cyclone Pam, même si les réparations devraient être terminées d'ici 24h. Le médecin-chef Dr Richard Léona accueille les patients qui affluent.

« Actuellement, 70% des patients que nous traitons ont ete blessés durant le cyclone. La majorité est de Port-Vila, mais depuis que les secours ont pu se poser sur la plupart des autres îles, nous allons recevoir plus de blessés, en attente d’évacuation vers notre hôpital. Pour le moment, nous avons soigné 330 victimes du cyclone. C’est un défi logistique pour nous, car nous avons été obligés d’installer des patients sur le sol. On a du deplacer une partie du service radio et le labo dans les salles d’attente, et les enfants sont placés dans notre salle de réunion, jusqu’à ce que les autres bâtiments de l’hôpital soient réparés. Nous avons de la chance d’avoir le soutien d’équipes medicales étrangères. »

 

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