A Shanghai, Manuel Valls conclut trois jours d'idylle avec la Chine

Le chef du gouvernement français a terminé sa visite chinoise à Shanghai, symbole de la modernité et des affaires dans « l'empire du Milieu », samedi 31 janvier 2015. Après avoir vu le président et le Premier ministre à Pékin, et évoqué sa relation avec François Hollande et les sondages à la Cité interdite, M. Valls a de nouveau rencontré des entrepreneurs. Comme au Royaume-Uni et en Allemagne, il a réitéré son appel à développer les investissements en France, mais cette fois-ci en mandarin.

Avec notre envoyée spéciale en Chine, Valérie Gas

Au moment d'entamer, samedi à Shanghai, le dernier jour de sa visite en Chine auprès de la communauté française et d'investisseurs chinois, Manuel Valls est apparu plus serein que jamais. Le Premier ministre français est manifestement satisfait de ce déplacement qui lui a donné l'occasion de nouer le contact avec les dirigeants chinois. C'est devenu une tradition pour le Premier ministre : délivrer un message dans la langue du pays où il se rend, et toujours parler des entreprises. Après Berlin et Londres, voici donc le message de Shanghai, en mandarin dans le texte : « Je le dis ici à Shanghai, " Huanying laï faguo ", les entreprises chinoises sont les bienvenues en France ! »

Dans cette visite en Chine, auquel participait aussi le ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre Laurent Fabius, rien n'a été laissé au hasard. Manuel Valls s'était bien préparé. Même Jean-Pierre Raffarin le dit. Selon cet autre ancien Premier ministre désormais sénateur UMP, qui faisait partie de la délégation lui aussi, l'actuel chef du gouvernement est en effet « quelqu'un de structuré, qui savait exactement où il voulait aller, qui sait être ferme. Donc, je ne fais pas de lui un Premier ministre " miracle ", mais je constate qu'il avait travaillé sérieusement et que ce travail a payé. »

Xi Jinping le reçoit au Grand Palais du peuple

Manuel Valls a réussi sa prise de contact avec les dirigeants chinois, et sans tabou, leur a vanté les mérites de la France et des réformes engagées, comme celle du travail le dimanche, qui fait tant couler d'encre dans l'Hexagone.

Le protocole qui lui a été réservé n'était pas des moindres, puisque le chef du gouvernement français s'est même entretenu avec le président de la République populaire, le numéro 1 chinois Xi Jinping, vendredi au Grand Palais du peuple à Pékin. Peut-être faut-il en partie analyser cet accueil quasiment digne d'un chef d'Etat à travers le prisme des sondages de popularité très flatteurs dont bénéficie Manuel Valls, qui ne cesse de marquer les esprits en France.

A la Cité interdite, Valls évoque les risques du pouvoir

Les enquêtes qui le présentent en champion de la gauche pour la prochaine élection présidentielle de 2017 ou le placent au-dessus de François Hollande en terme de popularité, M. Valls dit ne vouloir en tirer aucune conclusion. Il laisse cela aux journalistes.

Quand on l'interroge sur ce thème, à la Cité interdite notamment, il affirme : « Je ne confonds pas les choses. » Pour lui, tout est clair : François Hollande a été élu et il l'a nommé. « Nous formons un bloc et ma responsabilité est de ne jamais le fissurer, explique le Premier ministre. Je ne dévie pas, j'ai une loyauté absolue. Si je rentrais dans ces questionnements, je perdrais l'équilibre et la qualité de ma relation avec le président et je ne serais pas à la hauteur vis-à-vis des Français. »

Manuel Valls se veut sans ambiguïté, dans le droit respect des institutions et dans une cohérence politique qui le conduit à affirmer : « Si nous pouvons retrouver la confiance des Français, nous le ferons ensemble (avec François Hollande, NDLR). » Faut-il en tirer la conclusion que les sorts de Manuel Valls et du président sont liés jusqu'en 2017 ? C'est certainement ce que souhaite le Premier ministre, qui ne minimise pas son rôle dans le tandem exécutif, déclarant notamment : « Quand le président me nomme, il veut un Premier ministre fort qui existe, qui lui apporte quelque chose. » Voilà un emploi qui lui convient. A défaut de rivaliser déjà avec le président de la République, Manuel Valls ne laisse ainsi aucune place à une quelconque concurrence pour Matignon.

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