Avec notre envoyée spéciale à Pékin, Valérie Gas
A la Cité interdite, lieu de pouvoir de la Chine impériale emprunt de sérénité et d'harmonie, le Premier ministre français est apparu détendu et dégagé de la pression politique, même lorsqu'il a été interrogé sur son image. Il faut dire que Manuel Valls a été accueilli en Chine avec tous les honneurs. Il devait être reçu par les trois plus hauts dirigeants du régime. Et ses entretiens avec son homologue chinois ont, semble-t-il, été d’une grande convivialité.
Manuel Valls se sent-il reçu à Pékin comme un chef d’Etat ? « Non, c’est la visite d'un chef du gouvernement. Je vois bien ce que vous voulez dire, mais il ne faut jamais succomber à ces pièges. Je viens ici comme François Hollande viendra dans quelques mois. Les symboles ne sont pas à l’égard d’un homme ou d’une équipe. Ils sont à l’égard de la France. Et moi, je suis fier qu’à travers ce type de déplacements, mes compatriotes soient fiers de leur pays et de son poids dans le monde. »
Pas question de se laisser griser par la situation, ou par le décor tout en majesté de la cité impériale. Encore moins par les récents sondages qui font de lui le meilleur adversaire de Marine Le Pen en 2017. A Pékin, Manuel Valls veut rester concentré sur sa visite. Alors, il élude les sujets trop politiques : « Ici, nous sommes dans un lieu d’harmonie. Cette harmonie, elle me remplit. Elle nous remplit tous. Voilà ! Il faut que l’harmonie nous remplisse chacun et nous éloigne des questions sans intérêt. »
Manuel Valls est plutôt venu jouer les VRP de la France. Face aux entrepreneurs chinois, il n'a d'ailleurs pas tourné autour du pot. Toujours à la recherche des moyens de relancer la croissance en France, le Premier ministre a clairement affiché ses ambitions : « Oui, vos investissements - nous savons tous que la Chine a des capacités financières considérables - sont les bienvenus ! » Et pour séduire les investisseurs chinois, Manuel Valls a vanté les mérites des réformes engagées en France, notamment la loi Macron.
Il a même fait des promesses : « Mon gouvernement souhaite lever tous les obstacles pour permettre aux investisseurs, aux entreprises chinoises de venir. Ne craignez ni notre droit, ni notre droit social, ni ce qu'est la réalité française. Au contraire, c'est sans aucun doute un pays qui vous permettra de faire de très belles affaires. Donc bienvenue en France ! » Manuel Valls a parlé sans retenue pour convaincre ces partenaires. Cette fois, pas de « j'aime l'entreprise » en chinois, mais un langage totalement décomplexé sur la nouvelle politique économique française.