Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Voilà qui pourrait sonner le glas de l’influence politique de la famille Shinawatra en Thaïlande. Par 190 voix contre 18, Yingluck Shinawatra se voit interdire toutes activités politiques pour les cinq prochaines années. Un résultat attendu, car tous les membres de l’Assemblée nationale ont été nommés par la junte au pouvoir. La moitié d’entre eux sont d'ailleurs des officiers militaires.
Mais le coup est particulièrement dur pour l’ancienne Première ministre, d’autant que juste avant le vote, le procureur général a annoncé qu’il engageait une procédure pénale à son encontre, également en liaison avec le programme de subventions agricoles. Cette procédure pourrait aboutir à une peine de prison pouvant atteindre dix ans.
Certains estiment que nous assistons à la fin de l’influence politique du clan Shinawatra, mené par l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, frère aîné de Yingluck renversé en 2006. C’était d'ailleurs l’un des objectifs du coup d’Etat perpétré en mai dernier contre le gouvernement de Mme Shinawatra. La répression exercée actuellement par le gouvernement militaire est telle qu’une réaction importante des « chemises rouges », les partisans de ce clan, sous forme de manifestations de rues, est improbable.
■ Rappel des faits
Yingluck Shinawatra et son parti sont accusés d'avoir utilisé un programme de subvention soutenant le cours du riz à des fins électoralistes. Des proches du pouvoir sont également accusés de s'être enrichis via ce programme aux conséquences budgétaires importantes, l'ex-Première ministre étant suspectée d'avoir fermé les yeux. Jeudi 22 janvier, face à l'Assemblée, Yingluck a défendu son action à la tête du gouvernement, mettant en avant les bienfaits du programme pour des millions de paysans, et indiquant avoir lancé des enquêtes après avoir pris connaissance des soupçons de corruption. RFI