A Mongkok, l'ambiance était assez tendue ce lundi 20 octobre, relate notre envoyée spéciale à Hong Kong, Heike Schmidt. Les étudiants ont renforcé leurs barricades à l’aide de lattes en bois, de cartons et de grillages, surmontés d’une haie de parapluies, devenus le symbole du soulèvement en faveur d'un suffrage universel libre sans pré-sélection des candidats. En vue d’un éventuel assaut de la police, les manifestants ont commencé à stocker des casques, des masques et des protections en mousse « pour se défendre contre des coups de bâtons de la police », disaient-ils.
« S’ils nous attaquent, nous nous défendrons avec ces masques, casques de chantier et protections pour les bras », expliquait Cyrus dans l'assistance. Et de s'écrier : « Je suis étudiant, mon copain est étudiant, nous sommes l’avenir de Hong Kong ! »
« Le gouvernement ne fera rien »
Depuis que des violences ont éclaté, blessant plusieurs dizaines de personnes, fini l’ambiance « peace, love ans unity ». C’est la méfiance mutuelle qui règne. « Ils devraient nous protéger au lieu de nous attaquer », clament les étudiants, peu nombreux pour garder leur mur de défense. « La loi est de notre côté, il s’agit de notre avenir », s'indigne Matthew. De l’autre côté des barricades, la police scrute tout mouvement, leurs casques anti-émeute posés sur le bitume à portée de main.
Si les étudiants avaient demandé que des discussions s'engagent avant mercredi, certains d'entre eux disent ne rien attendre des négociations censées s'engager ce mardi. « Si nous tenons longtemps, l’économie sera affectée et l’extérieur va nous venir en aide », espère au contraire Matthew. « Les Américains et les Britanniques ont déjà envoyé une lettre, ils nous aideront à établir la démocratie », veut croire le jeune homme, qui estime que la solution ne viendra pas du pouvoir local. « Le gouvernement ne fera rien. Ils vont continuer à dire que nous occupons la rue illégalement ! », conlut-il.
Depuis le début du mouvement, ce n’est pas la première fois que des discussions sont annoncées. Mais jusqu'ici, toutes les tentatives ont échoué. Il y a plus de dix jours, le gouvernement avait annulé un rendez-vous avec les représentants des étudiants. La première annonce de discussions remonte en fait au 2 octobre. Ce sont les étudiants qui avaient alors rejeté le débat.
« Vous êtes une honte pour vos parents ! »
La rencontre du jour sera-t-elle la bonne ? Les déclarations du chef de l’exécutif local ne poussent pas à l’optimisme. Sur une chaîne de télévision hongkongaise, lundi soir, il a accusé le mouvement d'être manipulé par des « forces extérieures ». Une déclaration jugée insultante par les manifestants. Il a aussi longuement défendu le point de vue de Pékin sur les élections, notamment le fait qu'un scrutin universel sans sélection des candidats en amont ne serait pas une bonne chose, car il placerait le gouvernement sous la pression populaire.
Pour les autorités, le défi consiste à mettre fin au conflit sans que la situation ne dégénère, tout en sachant que Pékin ne cédera pas sur sa volonté de filtrer les candidats qui auront le droit de se présenter au scrutin désignant le prochain exécutif hongkongais en 2017. Mais en attendant, sur Nathan Road, la circulation reste complètement bloquée. Quelques habitants du quartier insultent d’ailleurs leurs nouveaux voisins encombrants, tout en contournant les obstacles. « Vous êtes une honte pour vos parents ! », lance une dame âgée à l'encontre des étudiants. « Vous devriez aimer votre pays, la Chine », s'indigne-t-elle.