Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Il aura fallu 18 ans, 7 juges, 25 appels auprès de la Cour suprême et le transfert du procès en dehors de l'Etat du Tamil Nadu pour arriver à la condamnation de cette femme politique hors du commun.
Dans cet Etat septentrional très religieux, Jayalalithaa Jayaram se faisait appeler Amma, « la mère ». Et tous les programmes sociaux qu'elle lançait portaient son nom maternel. Mais derrière cette générosité se cachait un enrichissement douteux, selon la Cour de Bangalore : en 1991, quand elle est devenue ministre en chef pour la première fois, elle a annoncé qu'elle ne se verserait qu’une roupie de salaire par mois. Mais cinq ans après, ses successeurs et opposants l'ont poursuivie, car elle possédait des biens estimés à plus de 10 millions d'euros, dont près de 10 000 saris, 28 kg d'or et 750 paires de chaussures.
Un vrai tremblement de terre
Cette condamnation fait l'effet d'un tremblement de terre au Tamil Nadu, tant cette ancienne star du cinéma apparaissait comme une demi déesse. Elle pourra faire appel à partir de mardi, mais sans pour autant récupérer son poste : un récent arrêt de la Cour suprême disqualifie tout élu qui a été condamné à plus de deux ans de prison.
A la tête du troisième parti du Parlement, elle perd son mandat électif et va devoir être remplacée. Ses partisans sont descendus dans la rue, où de violents heurts ont eu lieu après l'énoncé du verdict. Quatre ans de prison : la condamnation d'un responsable politique de ce niveau pour corruption est inédite en Inde comme l'explique Ingrid Therwath, politologue et responsable de l'Asie du Sud pour le magazine Courrier international :
Ingrid Therwath rappelle aussi quel genre de politique et de femme est Jayalalithaa Jayaram :