Australie: la santé mentale des mineurs clandestins menacée

En Australie, la Commission des droits de l'homme enquête cette semaine sur la santé mentale des enfants clandestins. Plus de 650 mineurs sont actuellement en rétention sur le sol australien. Ils attendent que les autorités australiennes examinent leur demande d'asile, ce qui prend un an en moyenne. Et ils développent de multiples traumatismes.

Avec notre correspondante à Melbourne, Caroline Lafargue

Depuis trois jours, travailleurs sociaux, médecins et fonctionnaires, tous anciens employés des centres de rétention, se succèdent devant la Commission australienne des droits de l'homme.

Les témoignages sont accablants : des enfants qui s'empoisonnent et se tapent la tête contre les murs, un adolescent victime d'attouchements sexuels.

La pédiatre Elisabeth Elliott s'est entretenue avec plus de 200 familles au centre de Christmas, l'île australienne située au sud de l'Indonésie. « J'ai vu des enfants traumatisés, qui font des cauchemars. Certains font pipi au lit, se mettent à bégayer ou refusent de parler. Une petite fille de 12 ans m'a dit : "je veux mourir, car ma vie ici, c'est déjà la mort". »

Centres surpeuplés

Ces enfants clandestins sans famille sont enfermés sur une île tropicale pour une durée indéterminée, dans un centre surpeuplé. Ceux arrivés après juillet 2013 savent déjà qu'ils ne vivront jamais en Australie et seront envoyés dans un pays tiers.

Le psychiatre Peter Young est l'ancien responsable des centres de rétention : « Les conditions sont tellement dures, que quels que soient les soins, on ne peut pas garantir leur santé mentale. »

Le ministère de l'Immigration reconnaît que 128 enfants détenus ont tenté de s'automutiler ou de se suicider, entre janvier 2013 et mars 2014. Mais il précise que le nombre de mineurs en détention sur le sol australien a considérablement baissé depuis un an, passant de près de 2 000 à 659.

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