Avec notre correspondante à Melbourne, Caroline Lafargue
Des milliers de demandeurs d'asile sont actuellement en attente en Indonésie. Ils viennent principalement d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak et du Sri Lanka. Faute de visas pour l'Australie, ils choisissent l'illégalité et s'entassent sur des coques de noix pour rejoindre les eaux australiennes, et dans 90% des cas, obtiennent un statut de réfugié.
Mais tout cela est terminé. Vendredi dernier, Kevin Rudd a annoncé qu'aucun demandeur d'asile arrivé par bateau n'aura le droit de s'installer en Australie. Ils termineront tous leur voyage en Papouasie Nouvelle-Guinée, où sera examinée leur demande d'asile. Qu'ils soient immigrés économiques ou reconnus comme d'authentiques réfugiés, ils n'obtiendront pas de visa pour l'Australie, et devront rester vivre en Papouasie Nouvelle-Guinée, un pays du Tiers monde où l'insécurité est grande et le chômage endémique. Il leur restera quand même d'autres options. Si ce sont de simples migrants économiques, ils pourront demander leur rapatriement. Et si ce sont de « vrais réfugiés », ils peuvent demander un visa dans un pays tiers.
Colère des migrants
Cela fait déjà quelques années que l'Australie place ses demandeurs d'asile à l'étranger, sur l'île de Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée, et sur Nauru, une micro République dans le Pacifique, et ce jusqu'à l'examen de la validité de leur demande d'asile, qui peut d'ailleurs prendre des années. Si ensuite ils sont reconnus comme d'authentiques réfugiés, alors ils ont le droit de s'installer en Australie. Là ce ne sera plus possible. Seuls les réfugiés arrivés par avion et/ou venus des camps de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) seront acceptés. Du coup, l'annonce de ce plan a provoqué la fureur des migrants parqués à Nauru. Ils ont incendié les quatre cinquièmes de leur centre de rétention ce week-end.
L'immigration, enjeu principal des élections
Cette nouvelle politique vise avant tout l'électorat australien. Le Premier ministre est en campagne, les élections devraient avoir lieu le 14 septembre prochain mais il doit encore confirmer la date. Et l'immigration est l'enjeu numéro un. Du coup, il y a surenchère : Tony Abbott, le rival libéral de Kevin Rudd, propose, lui, d'envoyer l'armée pour stopper les bateaux de demandeurs d'asile aux frontières maritimes de l'Australie, et interpeller les passeurs indonésiens. C'est la seule solution, selon lui, pour éviter la saturation des centres de rétention de Manus et Nauru. Kevin Rudd riposte en promettant l'ouverture de nouveaux centres dans d'autres pays du Pacifique, possiblement aux Îles Salomon. Les pays candidats ne manqueront pas car il y a de l'argent à la clé.