Les journalistes tamouls sont doublement victimes de la répression du pouvoir sri lankais, car ils dénoncent les agressions de l'armée à l'encontre de leur communauté, des agressions qui n'ont pas cessé malgré la fin de la guerre entre l'Etat et les séparatistes tamouls, en 2009. Delon Madavan, chercheur à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), témoigne de la situation : « Depuis la fin de la guerre, l’Etat sri lankais et le gouvernement essaient de museler cette presse, qui essaie de dénoncer les multiples atteintes au droit, notamment au droit de s’assembler, aux droits humains ».
L'armée sri lankaise, étant elle aussi accusée de crimes par la presse, notamment de viols commis sur des enfants, répond bien volontairement aux ordres du pouvoir : « Il y a quand même énormément de viols contre des enfants. Et justement, cette dernière attaque de journalistes succède en fait à la volonté des médias et de la société civile tamoule de Jaffna, qui suit de près une affaire de viol collectif commis par onze membres de la marine sri lankaise dans la région de Jaffna. Donc ça, ça peut aussi expliquer finalement, la volonté des militaires d’empêcher ces journalistes d’assister à cet atelier de formation à Colombo, en sachant qu’il y a quand même d’autres précédents. Ce n’est pas que la minorité tamoule ».
Les journalistes, en général, sont visés par le pouvoir : « Vous avez aussi, depuis l’arrivée au pouvoir du président Mahinda Rajapakse [en 2005, NDLR], une dizaine de journalistes qui sont morts, plusieurs médias qui ont été attaqués. Il y a une stratégie, un peu, de Mahinda Rajapakse et de son gouvernement, d’attaquer les derniers médias un peu indépendants, en les intimidant, en essayant d’imposer encore une fois, une censure de ces journalistes ».