C'est le Haut Commissariat de l'ONU aux Droits de l'homme qui sera chargé de cette enquête portant sur la période 2002-2009, soit les dernières années d'un conflit qui a fait environ 100 000 morts depuis 1972. Car des crimes de guerre semblent bien avoir été commis au Sri Lanka, particulièrement lors de l'offensive finale de l'armée contre les séparatistes tamouls. Des experts des Nations unies ont parlé de dizaines de milliers de victimes lors de ces ultimes combats, notamment lors de bombardements de zones où se trouvaient des civils. La rébellion des Tigres tamouls est également soupçonnée d'avoir commis des exactions à cette époque.
La résolution, soutenue notamment par les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne, a été adoptée avec 23 votes pour, 12 contre, et 12 abstentions. Mais face à l'opposition frontale des autorités de Colombo, une telle enquête sera difficile à mener, analyse notre correspondant dans la région, Sébastien Farcis. Comme cela était prévisible, le président sri-lankais Mahinda Rajapakse a vivement dénoncé cette résolution, dont il juge qu’elle « ne fait que nuire à [ses] efforts de réconciliation ». Le représentant du Sri Lanka à l'ONU a condamné une violation du droit international et de la souveraineté du pays.
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Colombo avait déjà rejeté deux précédentes résolutions qui lui demandaient de participer à une enquête conjointe sur ces crimes présumés, et particulièrement sur la mort de 40 000 civils lors des derniers mois de la guerre.
A présent, l'ONU essaiera de mener ce travail de manière indépendante, ce qui sera très difficile. Comment, en effet, interroger des victimes ou des survivants du drame sans crainte de représailles ? Les lois antiterroristes datant de l'époque de la guerre sont toujours en vigueur et ont encore permis ce mois-ci à l'armée d'arrêter au mois trois militants des droits de l'homme, sans justification. L'un d'entre eux serait d'ailleurs toujours en détention.
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