Sri Lanka: scrutin historique dans l’ancien bastion des Tigres tamouls

Dans le nord du Sri Lanka, plus de 700 000 personnes de la minorité tamoule doivent se rendre aux urnes, ce samedi 21 septembre, pour élire leurs conseillers provinciaux. Le pays se relève tout juste de plusieurs dizaines d’années d’une guerre civile qui aura fait entre 80 000 et 100 000 morts. Une guerre qui avait empêché tout vote dans le nord du pays en partie occupé par les rebelles tamouls.

Le vote de ce samedi est sensé favoriser la réconciliation. C’est en tous cas l’objectif de la communauté internationale qui a fait pression sur le gouvernement sri-lankais pour qu'il organise ces élections. L’objectif est que les Tamouls, qui estiment être traités comme des citoyens de seconde zone, puissent se faire entendre, malgré les faibles pouvoirs des conseils provinciaux. Ils votent en effet pour élire un conseil semi-autonome formé de 38 conseillers provinciaux.

Mais, depuis le début de la campagne, ce sont surtout des signes de division qui ont émergé entre, d’un côté, le président Mahinda Rajapaksa et de l’autre, la minorité tamoule. Celle-ci affirme subir une campagne d’intimidation de la part des militaires pour pousser les électeurs à ne pas voter pour l’Alliance nationale tamoule (TNA), une large coalition de partis tamouls qui devrait logiquement l’emporter ce samedi.

L'Alliance nationale tamoule dénonce une « surveillance constante »

K. Wigneswaran, le juge de la cour suprême à la retraite qui dirige la TNA, a déjà indiqué qu'il comptait, dès son élection à la tête de la région, travailler avec Colombo pour obtenir le paiement de réparations de guerre, et récupérer les terres tamoules que les militaires occupent encore, quatre ans après la défaite des séparatistes.

Mais en cas de victoire de la TNA, chacun devra faire un grand pas vers l'autre s'il veut effectivement «travailler». Ces derniers jours le président Rajapaksa accusait le parti tamoul de faire campagne sur la fausse promesse d'un Etat indépendant, et K. Wigneswaran affirmait que le président maintenait une «armée d'occupation» dans le Nord pour garder les Tamouls sous une «surveillance constante».

Une campagne marquée par des violences

Interrogé par RFI, Rajith Keerthi Tennakoon, observateur de l'organisation sri-lankaise Campagne pour des élections libres et équitables (CaFFE), fait état de violences. «Au début, tout était calme. Mais dès l’annonce des candidatures nous avons constaté des actes d’intimidation contre l’Alliance tamoule», affirme-t-il.

«Dans le district de Jaffna, par exemple, on a dénombré six cas graves de violences liés aux élections. Le cas le plus grave s’est produit dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu’un groupe de militaires s’est introduit de force dans la maison d’Ananthi Sasitharan, la seule femme candidate de l’Alliance nationale tamoule à Jaffna. Ils ont blessé dix personnes qui ont dû être hospitalisées, dont un très célèbre avocat qui doit surveiller le scrutin», insiste également le représentant de la CaFFE.

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