Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
Lors d’une manifestation menée par des députés de l’opposition, le rapport de forces s’est inversé. Ce sont les militants qui ont frappé avec sauvagerie une dizaine de gardes de sécurité, employés par les autorités pour disperser avec brutalité tout rassemblement. Les gendarmes sur place ont laissé faire. En réponse, les autorités ont arrêté 5 députés et un membre de l’opposition, et 3 autres devraient l’être prochainement. Ils sont inculpés d’insurrection et d’incitation à la violence, encourant jusqu’à trente ans de prison.
Une décision qui a créé le choc dans la foule de sympathisants massés près du tribunal, comme le résume cette jeune femme : « On s’attendait à leur libération immédiate, mais ils ont été envoyés en prison. Cette injustice va rendre le peuple encore plus en colère. C’est une grande injustice, non seulement pour eux, mais aussi pour nous tous. Ces personnes n’ont commis aucune faute. Ces derniers mois, des militaires ont tué des manifestants et personne n’a été arrêté. Alors pourquoi, eux, sont-ils inculpés alors qu’ils sont innocents ? »
En l’absence du chef de l’opposition, à l’étranger, le vice-président Kem Sokha a dénoncé une provocation du parti au pouvoir, qui montre, selon lui, sa volonté de faire traîner la situation. Le gouvernement dénonce, lui, des violences « préméditées » par l’opposition pour créer le chaos. A la veille du premier anniversaire des élections, il veut frapper fort.
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