Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Ce dimanche, de nouveau 4 000 militaires et 2 000 policiers ont été déployés à travers Bangkok pour contrer les éventuelles manifestations contre la prise du pouvoir par l’armée. Seuls quelques dizaines de Thaïlandais ont exprimé leur opposition au coup d’Etat, dans différents endroits de la ville, le plus souvent en faisant un salut avec trois doigts, un signe de résistance emprunté à la série télévisée américaine Hunger Games. Sept d’entre eux ont été arrêtés.
La junte veut écraser toute opinion dissidente. Elle a convoqué des étudiants d’une université du Nord-Est pour leur demander de s’engager par écrit à ne plus manifester en soutien aux droits de l’homme. Un haut fonctionnaire travaillant pour la junte a appelé les employés de l’administration à dénoncer leurs collègues qui s’opposent au contrôle du pays par les militaires. Plusieurs délations ont déjà eu lieu. Une atmosphère de peur et de méfiance s’est emparée du pays ces deux dernières semaines. Une atmosphère qui risque de ne pas faciliter l’objectif de réconciliation affiché par la junte au pouvoir.
L’économie thaïlandaise affaiblie par les troubles
Les troubles politiques ont affaibli l'économie thaïlandaise et la prise de pouvoir par les militaires ne rassure pas vraiment les milieux économiques, surtout si le désordre devait continuer. L'activité souffre depuis sept mois des manifestations qui touchent particulièrement le secteur du tourisme, un pilier de l'économie thaïlandaise.
Au premier trimestre, le PIB a même connu un recul de 2% par rapport à 2013 et la croissance ne devrait pas dépasser au mieux 2,5% cette année contre 6% en 2012. La Thaïlande a perdu sa place de premier exportateur de riz au monde. Elle souffre aussi de l'amélioration de la compétitivité dans les pays voisins, ce qui lui fait perdre de l'avance.
Dans ce climat, les investisseurs étrangers, dont les constructeurs automobiles japonais très présents dans le pays, scrutent de près les mesures qui seront prises par le pouvoir. La junte a promis de soutenir les PME, de procéder à une réforme fiscale et de créer des zones économiques spéciales aux frontières. Elle pourrait aussi relancer le programme de développement des infrastructures.
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