Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Il n’y aura pas d’élections avant la fin de l’année 2015 en Thaïlande. C’est l'information essentielle de l’allocution télévisée du général Prayuth qui a également présenté une réforme du système politique qui devrait s'étaler sur un an. Le chef de la junte a parlé pour la première fois de la mise en place d'un gouvernement qui devrait être effective d'ici le mois d’octobre.
Une phase de réforme suivie d'élections
Parallèlement, les militaires mettront en place des comités de réconciliation à travers le pays, de manière, selon leurs termes, à « reconstruire l’unité nationale ». Suivrait la mise en place d’un Conseil national de réforme qui modifierait en profondeur le système politique et les règles du jeu électoral, de manière à limiter les achats de votes. Cette phase de réforme prendrait un an, après quoi des élections pourraient avoir lieu.
Peu de détails sur la substance des réformes, mais elles devraient être assez proches de celles prônées par le mouvement anti-gouvernemental qui a paralysé Bangkok pendant sept mois. C’est-à-dire qu’elles viseront à limiter le poids des politiciens élus dans le système politique et surtout à tout faire pour empêcher le clan politique de la famille Shinawatra, dont était issue le Premier ministre renversé Yingluck Shinawatra, de revenir au pouvoir.
Des rencontres entre camps opposés pour rétablir l'harmonie
La première phase du programme annoncé par le chef de la junte, le général Prayuth Chan-ocha va consister en des rencontres entre partisans des camps politiques opposés dans l’objectif de faire disparaître les conflits au sein de la société et de rétablir l’unité et rassembler les Thaïlandais derrière le drapeau national.
C'est une approche quelque peu naïve, voire puérile, qu’a adopté la junte pour supprimer les différences d’opinions politiques dans le pays. Des repas sont organisés entre leaders des Chemises rouges, les partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, et leurs ennemis politiques, les Chemises jaunes. Des officiers militaires leur demandent d’être bons camarades et d’oublier le passé. Puis, on se serre la main, on mange, on discute, on rigole et on promet de se revoir. De tels repas commencent à être organisés dans plusieurs provinces du centre du pays.
Parallèlement, des séminaires de rééducation politique se tiennent dans les camps où sont détenus les intellectuels et les militants arrêtés par l’armée depuis le coup d’Etat. Dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler celle qui prévalait durant la Guerre Froide, les participants doivent jurer fidélité au roi et à la nation ainsi que chanter des chansons patriotiques. Cette méthode est censée supprimer les idéologies déviantes et rétablir l’harmonie dans le pays. La junte a d’ailleurs adopté pour slogan : « ramener la joie aux Thaïlandais ».
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Inquiétude aux Etats-Unis
Actuellement à Singapour où il participe à un forum sur la sécurité en Asie-Pacifique, le secrétaire américain à la défense, Chuck Hagel, s'inquiète de la situation en Thaïlande.