En Thaïlande, les militaires qui ont saisi le pouvoir ont mis en place une structure, composée uniquement d’officiers supérieurs pour administrer le pays. Le général Prayuth Chan-ocha, qui s’est auto-proclamé Premier ministre, devrait conserver cette position dans l’avenir immédiat. A 19 h 00, heure locale (12 h 00 TU), la junte a annoncé la dissolution du Sénat, assumant dès lors le pouvoir législatif.
Depuis le coup d’Etat, les militaires ont imposé un couvre-feu, interdit les rassemblements de plus de cinq personnes et suspendu tous les programmes de télévision et de radio, rapporte notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus. Les membres de l'ancienne équipe gouvernementale, dont l'ex-Premier ministre Yingluck Shinawatra, pourraient rester en prison en détention « jusqu'à une semaine » a annoncé la junte ce samedi. Elle est en « lieu sûr » a précisé le porte-parole de la junte.
Les intellectuels pris pour cible
Après les politiciens, les militaires au pouvoir s’en prennent désormais aux intellectuels et aux militants associatifs. 35 d’entre eux, la plupart connus pour être critiques vis-à-vis de la monarchie ou du coup d’Etat, ont reçu l’ordre de se rendre à l’armée. Très peu ont obéi, persuadés qu’ils seront détenus, comme cela a été le cas pour les politiciens qui ont répondu ces derniers jours à des convocations similaires.
La junte a renforcé les contrôles aux frontières pour éviter que ces universitaires quittent le territoire. La frontière avec le Laos est totalement fermée pour les Thaïlandais.
Les journalistes thaïlandais qui ont critiqué la monarchie ou l’armée s’attendent à être les prochains à se voir convoqués par la junte.
Parallèlement, de nouvelles manifestations dénonçant le coup d’Etat ont eu lieu à Bangkok, rassemblant à chaque fois plusieurs centaines de personnes. Militaires et policiers anti-émeutes se sont contentés de filmer les manifestants. La junte semble quelque peu déconcertée par ce début de résistance, mais ne donne aucun signe d’assouplissement.
La vie quotidienne suit son cours
En général, toutefois, la vie quotidienne à Bangkok n’a subi que peu de changements. Et la population en prend son parti. « Le couvre-feu et les restrictions sur les médias, cela a des bons et des mauvais côtés, explique Sompong Woranai, un chauffeur de taxi. . L’inconvénient est que cela empiète sur nos libertés. Nous ne sommes plus informés. Mais le bon côté est que cela a stoppé les manifestations et évité des affrontements. Sinon, la vie se déroule normalement, les restrictions ne créent pas de grosses difficultés, nous pouvons mener nos occupations comme d’habitude. Simplement, nos droits ont été un peu réduits. Mais, le coup d’état était nécessaire, sinon il y aurait eu une guerre civile ».
Le défi pour les militaires thaïlandais, formés dans un système rigide et passéiste, va être de gérer un pays de 65 millions d’habitants, carrefour commercial de l’Asie du Sud-Est, et doté d’une économie moderne et d’une population cosmopolite.