« Nous avons eu une longue réunion cet après-midi et avons décidé de ne plus
grimper cette année, en hommage à nos frères. La décision des sherpas est
unanime », a déclaré l'un d'eux, Tulsi Gurung. Cette décision anticipe les négociations en cours avec le gouvernement pour améliorer la reconnaissance du travail et des risques encourus par les sherpas. Ils avaient d'ailleurs menacé de suspendre la saison s'ils n'obtenaient pas gain de cause.
Les sherpas réclament de meilleurs salaires et des indemnités pour les familles des victimes. L’Everest rapporte gros, mais les guides n’en profitent pas forcément. Seulement 400 dollars (moins de 300 euros) sont versés par le gouvernement à la famille en cas de décès. Alors, certes, c’est une grosse somme au Népal, l’un des pays les plus pauvres du monde. Mais elle reste quand même bien faible par rapport aux risques.
Tentes, cordes, ravitaillement : les sherpas portent les équipements des alpinistes, le plus souvent des Occidentaux. En un siècle, près d’une centaine l’ont payé de leur vie. Alors aujourd’hui, ils dénoncent un « manque de respect » de la part du gouvernement et lui posent un ultimatum. Katmandou a une semaine pour répondre à une liste de revendications.
Une caisse pour payer les soins des accidentés
Les sherpas demandent 7 000 euros par famille de victime et la création d’un fonds de soutien, une caisse pour payer les soins des futurs accidentés. Elle serait alimentée par la redevance que touche aujourd’hui le Népal sur toutes les ascensions.
Grimper l’Everest, ce n’est pas gratuit, loin de là : 8 000 euros par personne. Une sacrée manne pour le pays qui vit beaucoup du tourisme. Plusieurs agences de voyages ont déjà annulé leurs expéditions. L’arrêt des ascensions est une catastrophe économique pour le pays. Les sherpas attendent un geste de la part des autorité.
■ DÉCRYPTAGE
Pour le photoreporter Guillaume Vallot, qui a gravi l'Everest en 2002, si cette décision est prise par les sherpas, c'est que l'alpinisme n'est pas leur seule source de revenus.